Après l’assassinat de Pim Fortuyn et les menaces que font peser les islamistes sur Geert Wilders, c’est Thierry Baudet qui se retrouve dans la tourmente.
Aux Pays-Bas, les menaces reçues par le dirigeant politique conservateur Thierry Baudet font revivre le spectre de l’assassinat de Pim Fortuyn, dont les plaies restent ouvertes.
Pim Fortuyn, populiste érudit et de droite, dandy, homosexuel assumé, fut assassiné le 6 mai 2002 par un activiste vegan qui y voyait un danger pour le pays.
Son meurtre stoppa net une campagne électorale pendant laquelle M. Fortuyn concentra la haine de ses adversaires politiques et des médias traditionnels. Le jour de sa mort, le journal libéral NRC avait, dans un éditorial, qualifié de “honteuse” l’hypothèse que M. Fortuyn devienne Premier ministre.
“Fasciste, nazi !” : les noms d’oiseau et attaques physiques pleuvaient sur M. Fortuyn durant la campagne législative. Après avoir été entarté au purin, il demanda au gouvernement une protection renforcée. Le jour fatidique, il n’y avait pourtant personne autour de lui pour empêcher le tueur, Volkert van der Graaf, de passer à l’acte. La droite dure néerlandaise continue d’ailleurs à marteler que “la balle venait de la gauche”, accusant les socialistes et la droite libérale d’avoir incité des esprits pervers à commettre l’irréparable.
Baudet harcelé par la presse de gauche
L’assassinat de Pim Fortuyn a mis la gauche dans l’embarras. Ses partisans ont été priés de ne plus diaboliser l’adversaire par des références à la persécution des Juifs. Ainsi, un politicien de centre gauche avait participé à une manifestation contre M. Fortuyn en récitant des phrases du journal d’Anne Frank, insinuant que les « minorités » risquaient la déportation sous un hypothétique gouvernement de Pim Fortuyn.
Thierry Baudet, 37 ans, dandy comme M. Fortuyn, mais hétérosexuel, ne s’était jusque-là jamais publiquement inquiété pour sa sécurité. Fin février, une journaliste de télévision l’a peut-être mis en danger en caricaturant ses vues sur l’immigration. Citation inventée de toutes pièces : “L’UE a le projet de remplacer la race blanche européenne par des migrants africains”. On peut se demander si ce procédé malhonnête n’est pas tout simplement une contribution délibérée à la campagne de haine anti-Baudet. Ce dernier a démenti les allégations de la journaliste, par ailleurs collaboratrice au journal de gauche De Volkskrant, et crié à la condamnation à mort. Baudet lui a donc posé un ultimatum. De deux choses l’une : soit la journaliste retire ses propos et présente ses excuses, soit il porte plainte pour diffamation. La journaliste estimant qu’elle a correctement résumé la pensée de M. Baudet, un juge se prononcera le 11 mars.
M. Baudet est-il vraiment sincère quand il dit craindre pour sa vie ? Difficile de se prononcer, tant ce provocateur-né, autre trait qu’il partage avec Pim Fortuyn et son ami le cinéaste Theo van Gogh, assassiné en 2004 dans une rue d’Amsterdam par un islamiste, joue avec les médias. L’homme aime se victimiser. Ce qui n’enlève rien à la campagne de dénigrement et de haine qu’il subit de la part de journaux tels que De Volkskrant.
Menaces, blagues douteuses, attaques de féministes…
Des appels au meurtre voilés semblent s’en inspirer. Ainsi, dans une attaque contre M. Baudet sur Facebook, un enseignant universitaire s’adressait récemment au meurtrier de Pim Fortuyn: « Volkert, où es-tu? » Cette blague douteuse lui a valu d’être suspendu de l’université d’Utrecht. Comme si cela ne suffisait pas, des manifestants antiracistes ont appelé à « tirer » sur M. Baudet, dont le domicile à Amsterdam a déjà été attaqué par des féministes en fureur. Car M. Baudet est également romancier, jugé misogyne par bien des femmes.
Au fond, que lui reprochent ses adversaires ? Souhaiter que les Blancs restent majoritaires aux Pays-Bas et en Europe. Quitte à critiquer la politique européenne d’immigration qui menace cette perspective.
En Baudet, la haine des bien-pensants vise un intellectuel francophile dont le parti Forum voor Democratie (FvD) n’occupe que deux des 150 sièges de la Chambre Basse. Sa popularité ne cesse d’augmenter. Son parti, créé en 2016, compte déjà plus de membres que les partis traditionnels tels le VVD libéral du Premier ministre Mark Rutte. En 2019, le Fvd a gagné les élections provinciales, dont dépend la composition du Sénat. M. Baudet manie mieux que ses adversaires les réseaux sociaux tels Instagram, qui attirent un public majoritairement jeune. Il ringardise ainsi son principal rival à droite, Geert Wilders, dont l’électorat déclinant est plutôt populaire.
Plus le succès de Thierry Baudet s’affirme, plus il s’attire les foudres jusqu’ici dirigées contre Wilders. Celui-ci vit caché et sous protection depuis la fatwa le condamnant à mort il y a quinze ans pour ses diatribes anti-islam, semblables à celles de M. Pim Fortuyn. Sur ce terrain, Thierry Baudet s’est montré plus prudent. Pas sûr que cela lui épargne un sort tragique.