Le député de Chomedey, Guy Ouellette, arrêté mercredi par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), s’est retiré temporairement du caucus libéral jeudi matin.
L’UPAC a quant à elle confirmé dans un communiqué qu’une « équipe mixte » affectée à une enquête sur de « possibles infractions d’abus de confiance et d’entrave à la justice » a exécuté mercredi six mandats de perquisition, rencontré une dizaine d’individus et arrêté une personne, sans la nommer. L’arrestation avait entre autres pour but de « sécuriser des éléments de preuve », a précisé l’unité policière.
La nouvelle du retrait de Guy Ouellette est tombée en début de journée, avant le caucus des élus libéraux, auquel le chef Philippe Couillard a tenu à assister. Le premier ministre a annoncé mercredi qu’il suspendait sa tournée du Nord-du-Québec pour être avec ses députés, à Québec. Il doit reprendre le chemin de Kuujjuaq plus tard jeudi.
« J’ai décidé de revenir à Québec avant tout pour être avec mes collègues du caucus », a déclaré le premier ministre à son arrivée au parlement. Il a dit savoir « peu de choses de plus que ce qui est dans les médias ».
« M. Ouellet a annoncé son retrait du caucus jusqu’aux prochaines décisions et je comprends qu’y a d’autres démarches qui vont suivre, mais je n’ai pas plus de précisions que la majorité des personnes ici », a-t-il affirmé, en disant avoir « compris » qu’il y a aurait une décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales « d’entreprendre des poursuites ou non ».
« C’est tout ce que je sais, a-t-il dit. Ça nous surprend, ça nous attriste, mais ça ne nous fait pas dévier du plan […] C’est un choc pour tout le monde, pour l’ensemble de la députation. »
Philippe Couillard n’a pas parlé à Guy Ouellette, mais ce dernier a discuté avec le chef de cabinet du premier ministre « tard hier soir ». « Il est un peu ébranlé comme nous tous », a fait savoir la présidente du caucus du gouvernement, Filomena Rotiroti.
« Notre collègue s’est retiré volontairement du caucus le temps que la lumière soit faite », a déclaré le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux. « Comme tout corps de police, elle doit aussi s’assurer de l’intégrité de ses enquêtes », a-t-il ajouté au sujet de l’UPAC.
L’UPAC s’explique
En milieu de matinée, l’UPAC a publié un communiqué concernant l’opération qu’elle a menée mercredi. « L’équipe mixte affectée à l’enquête, formée des membres de plusieurs corps de police, a exécuté six mandats de perquisition et rencontré une dizaine d’individus au courant de la journée du 25 octobre, a-t-elle écrit. Les perquisitions, certaines dans la région de Montréal et d’autres dans la région de Québec, se sont déroulées jusqu’à tard hier soir. »
En fin de soirée, des voitures de police ont été vues devant l’appartement de fonction de Guy Ouellette, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, à Québec. L’UPAC n’a pas précisé à quels endroits avaient eu lieu les perquisitions qu’elle a menées.
« Les policiers ont également procédé à une arrestation qui s’est avérée nécessaire, entre autres pour sécuriser des éléments de preuve ainsi que pour empêcher que les infractions se continuent ou se répètent, a dit le corps policier. La personne arrêtée ne peut être identifiée par l’UPAC, car il importe de souligner qu’aucune accusation n’a été déposée à ce stade-ci de l’enquête. Les actions d’hier ne constituent qu’une étape de l’enquête qui se poursuit. »
Guy Ouellette, un ex-policier de la Sûreté du Québec, a été arrêté dans une opération qui pourrait être liée à l’enquête Mâchurer, une vaste opération de l’UPAC qui se penche sur le financement politique et l’octroi de contrats publics, et qui vise entre autres l’ex-premier ministre Jean Charest et l’ex-argentier libéral Marc Bibeau.
Cette enquête a fait l’objet de nombreuses fuites dans les médias, si bien que l’UPAC a déclenché, en avril, une enquête interne « afin de déterminer l’origine de la transmission de documents confidentiels qui a permis la diffusion publique de certains éléments d’une enquête criminelle active ».
Prudence à l’Assemblée nationale
À leur arrivée au caucus, avant que le communiqué de l’UPAC soit diffusé, les élus libéraux ont joué de prudence. « Il y a toujours deux côtés à une médaille, il y a toujours deux versions », a fait valoir le ministre Robert Poëti. « Dans ce cas-ci, je n’ai aucune version de l’un ou de l’autre, que ce soit de l’UPAC ou de M. Ouellette », a-t-il ajouté.
Jean-Marc Fournier a lui aussi dit attendre des explications de l’UPAC. « J’espère que tout le monde qui est capable de s’expliquer, s’explique pour qu’on comprenne », a-t-il demandé.
Se disant « estomaquée », la ministre Christine St-Pierre a dit approuver le retrait du caucus de son collègue. « Je ne veux présumer de rien, mais je pense qu’il agit en homme d’État », a-t-elle estimé.
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