QUÉBEC | Le ministre de l’Économie nie s’être lui-même placé en conflit d’intérêts dans le dossier de la relance du Groupe Capitales Médias. «Pas du tout!», a-t-il répondu vendredi lorsque questionné sur ses relations avec un important créancier du groupe de presse.
Alors que l’imprimeur Transcontinental cherche à récupérer près de 1 million $ que lui doit le Groupe Capitales Médias, Pierre Fitzgibbon a rencontré les hauts dirigeants de l’entreprise. Son agenda révèle que cette réunion a eu lieu le 16 août dernier à Montréal, au même moment où le gouvernement cherchait des solutions pour sauver le groupe de presse.
Le ministre a-t-il évoqué le dossier Capitales Médias dans ses discussions avec le PDG François Olivier de Transcontinental?
«Pas du tout. [...] Il n’y a aucune relation avec ce qui se passe avec le repreneuriat de Capitales Médias», a répondu Pierre Fitzgibbon, lorsqu’interrogé par TVA Nouvelles.
Contredit par Transcontinental
Or, dans une entrevue accordée au «Journal de Montréal» vendredi matin, le PDG de Transcontinental, François Olivier, a contredit le ministre.
«En avez-vous parlé à M. Fitzgibbon?», lui a-t-on demandé. «Bien oui! Pierre fait son travail. Il appelle toutes les parties prenantes, il est très au courant du dossier, a indiqué M. Olivier. Donc oui, il nous en a parlé parce qu'on est l'imprimeur et c'est important pour eux de parler à toutes les parties prenantes.»
Intérêts financiers
Le ministre de l’Économie pourrait également détenir des intérêts financiers dans le dossier, lui qui a siégé sur le conseil d’administration de Transcontinental de 2009 à 2017.
En date du 27 octobre 2017, des documents boursiers démontrent qu’il avait accumulé pour 569 105 $ d’actions de Transcontinental à titre d’administrateur.
Questionné à savoir s’il détient toujours des actions de l’imprimeur, Pierre Fitzgibbon répond qu’il l’ignore. «Je ne le sais pas. [...] Depuis le 1er novembre 2018, mon portefeuille est géré à l’externe. Je n’ai aucune idée de ce qu’il y a dedans.»
Des millions à Transcontinental
Depuis qu’il est devenu ministre de l’Économie, ce ministère s’est montré généreux à l’égard de l’entreprise dont il a été administrateur. En avril dernier, il accordait une aide financière de 9,5 millions $ à Transcontinental pour convertir l’ancienne imprimerie du quotidien «La Presse» dans l'est de Montréal en usine d’emballage.
Ce prêt sans intérêt provient du Fonds du développement économique, qui relève du ministère de l’Économie.
Selon une inscription au Registre des lobbyistes, Transcontinental tentait depuis 2017 d’obtenir du gouvernement «un financement ou une subvention pour procéder à la conversion» de l’imprimerie en usine de fabrication d’emballages souples en plastique.