GND : l'art de confiner QS aux contours de l'UQAM

QS tient un discours anti-nationaliste identique à celui du régime libéral

Quiconque voudrait comprendre pourquoi il n’y plus (y’a-t-il déjà eu?) de vague Gabriel Nadeau-Dubois n’aura qu’à revenir à son discours du 16 février dernier à l’Université de Montréal.



Le thème? « L’indépendance est-il compatible avec l’antiracisme? »



Voilà, les hostilités sont lancées.



Le journaliste de Radio France International Baba-Idriss Fofana a fait un compte-rendu détaillé de la conférence. En gros, l’assistance a eu droit à l’argumentaire éculé que l’on connait déjà et qui est le pain et le beurre de Québec solidaire dorénavant; d’un côté les méchants défenseurs de l’identité et de la laïcité, de l’autre les vertueux qui défendent l’idéal « diversitaire » et toutes les autres déclinaisons de la « diversité » et du multiculturalisme.



Car trêve d’euphémismes, c’est de cela qu’il s’agit. Et le tout servi par le co-porte-parole de QS de façon à bien diviser les uns et les autres :



« Il faut reconnaître que quand on parle d’indépendance aujourd’hui, l’imaginaire des gens est marqué assez négativement à cause de certains événements et dérapages qui ont eu lieu au sein du mouvement indépendantiste dans les dernières années. Et cela a suscité une méfiance [...]



Depuis une dizaine d’années au Québec, on assiste à cela. Ça a commencé autour des fameux accommodements raisonnables en 2007-2008, la montée d’un discours qu’on appelle souvent « nationalisme-conservateur » qui est de plus en plus influent au Québec. [...] Un discours qui se caractérise essentiellement par une méfiance à l’égard de l’immigration et de la diversité culturelle en générale. Ce discours-là voit les immigrants et les immigrantes comme une menace à ce qu’ils vont appeler l’identité historique québécoise et voit que la diversité culturelle à un effet nécessairement dissolvant sur l’identité et le vivre ensemble au Québec. »



J’en ai plus qu’assez de ces discours accusateurs qui sont beaucoup plus militants qu’autre chose. Quand GND avance « qu’on assiste à un discours qui se caractérise essentiellement par une méfiance à l’égard de l’immigration et de la diversité », j’ai envie de lui répondre que cette nation-là fait plus que sa part en ce concerne l’immigration et ça, depuis très longtemps.



Au prorata de sa population totale, le Québec accueille en moyenne beaucoup plus que bien d’autres nations analogues. Et le tout sans heurts majeurs. Et ce, malgré le fait que le Québec ne contrôle pas tous les leviers de cette immigration et que les mécanismes qui permettraient d’assurer une intégration optimale faillissent trop souvent. Notamment en matière de francisation et de compréhension de la distinction de la société d’accueil.



Car ce que GND ne dira jamais c’est que des politiciens fédéralistes ont sciemment instrumentalisé l’immigration afin de « noyer » (selon le terme « noyade » tel que l’employait René Lévesque dans la vidéo ci-dessus à partir de 12 minutes) les aspirations indépendantistes de la nation québécoise. Si GND veut trouver matière à s’indigner, il devrait commencer là.



Ce que GND ne dira pas non plus c’est que le parti libéral avait bien intérêt à augmenter le plus possible les seuils d’immigration au Québec; il le faisait de façon très intéressée en sachant qu’il ajoutait à son bassin électoral captif.



De ces « dérapages-là », GND ne dira jamais mot.



Pas plus qu’il n’acceptera de reconnaître que le discours « antiraciste » qu’il défend est, en lui-même, une manière d’entretenir les divisions qu’il dénonce. Loin de bâtir des ponts, GND creuse un fossé. Sciemment. C’est une façon de parler à sa base à lui. Car il ne fait pas différent des autres politiciens, loin de là. Surtout quand il accuse certains intellectuels d’être vecteurs de la montée d’un populisme de droite:



« La montée d’un certain populisme de droite férocement nationaliste de manière ethnique qui est une réalité au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe et qui est une menace des droits et de liberté de vraie personne, en chair et en os. Je ne vais pas citer des noms, mais on connait ces intellectuels qui ont nourri cette méfiance-là. Donc, les gens ne sont pas fous de penser que l’indépendance peut-être une menace pour eux quand des gens qui sont pour l’indépendance tiennent ce genre de discours. »



Et que fait GND des intellectuels, des professeurs, des universitaires qui avouent désormais être poussés à l’autocensure pour ne plus être accusés de ce crime hideux « d’assignation identitaire »? Que dira GND des militants antiracistes qui bousculent et bloquent des conférenciers dans les murs universitaires pour les tenir au silence?



GND n’en dira rien. Comme à l’époque  du printemps érable. Il n’en dira rien. N’est-il pas que « porte-parole » après tout?



Selon GND, ceux qui n'épousent pas la cause antiraciste sont donc, par déduction, nécessairement des « nationalistes-conservateurs » infréquentables. Il y a dans ce discours simpliste et manichéen tout ce qui confine Québec solidaire aux contours de l'UQAM.



Il y a aussi dans ce recours systémique au crime d'assignation raciste par les antiracistes une forme d'exclusion implicite qui ne sera jamais un appel au rassemblement. Jamais.



Cela n'empêchera pas ce le « clan » (ne l'appelons plus cette « gauche », toute régressive qu'elle est devenue) de dormir, car il ne cherche pas à rassembler justement, il cherche à avoir raison.



Au final, la meilleure chose qui ait pu arriver, c'est que le PQ ne se lie pas au clan de GND. Cet extrémisme antiraciste n'a rien à envier aux autres, à ceux d'en face, à ceux des Meute de ce monde... En fait, ces clans-là se complètent bien...