Jean-François Lisée et Éric Duhaime. Si vous suivez la vie politique, vous les connaissez. Sinon, vous devriez.
L'occasion est belle. Chacun publie un livre aujourd'hui. Le premier : Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments->44761]. Le second: [L'État contre les jeunes.
Lisée est certainement le plus brillant représentant de la gauche québécoise. Il donne beaucoup d'intelligence à son camp, lequel se contente souvent d'un catéchisme moralisateur. La gauche a souvent la certitude d'avoir le monopole du bien.
Duhaime a rendu visible une droite décomplexée longtemps marginale. Souvent, à droite, on beugle. Lui, il pense. Personne ne contestera sa redoutable efficacité médiatique.En deux ans, il est devenu une force politique à lui seul.
La thèse de Lisée est simple: le modèle québécois va moins mal qu'on ne le prétend.La bureaucratie n'est pas si massive qu'on le dit. La dette n'est pas si élevée. En gros, au Québec, ça va bien. Contre-intuitif? Peut-être.Mais Lisée est solidement documenté. Et nous fait réfléchir.
Lisée ne dit pas qu'il ne faut pas réformer ce modèle.Le rendre plus performant. Son objectif: civiliser l'économie de marché.Pour lui, la social-démocratie bien comprise garantit et humanise le capitalisme.
Mais Duhaime n'est pas d'accord. Pour lui, le Québec va plus mal qu'on ne le croit. La social-démocratie nous aurait ruinés. La Révolution tranquille aurait tout saccagé. L'économie.La santé. L'éducation. Plus rien ne fonctionnerait.
Surtout, les boomers auraient tout gardé pour eux. Et demanderaient aux prochaines générations de financer leurs privilèges.Ils camoufleraient leur égoïsme dans la rhétorique de la justice sociale. La solution de Duhaime?
Réalisme et responsabilité individuelle.
Un débat complexe
Le débat est complexe. On voit d'ici la faiblesse des deux. Lisée croit beaucoup trop en l'État-planificateur. Et Duhaime beaucoup trop à l'individu-tout-puissant.
Mais retenons une chose néanmoins de ces deux livres: leur manière civilisée de débattre dans une société qui confond souvent l'échange des idées avec celui des insultes.
Car la démocratie vire au cirque sans un minimum d'esprit civique.
Duhaime ne représente pas une droite cupide, sans coeur. Lisée ne représente pas les gauchistes boomers. La droite n'est pas peuplée de salauds. La gauche n'est pas un rassemblement de profiteurs syndicaux. Dans une société normale, il y a une droite et une gauche. Elles doivent se respecter.
Autrement dit, nul besoin de détester son adversaire pour lui souhaiter une carrière dans l'opposition perpétuelle. Les démocrates se critiquent sans se vomir.
Cette chronique reflète le point de vue de l'auteur et non celui de 24H.
Gauche/droite: le débat
Gauche-Droite : le débat
Mathieu Bock-Côté1347 articles
candidat au doctorat en sociologie, UQAM [http://www.bock-cote.net->http://www.bock-cote.net]
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