Alors qu'une écrasante majorité des actionnaires de la Bourse de Montréal ont voté en faveur de la vente de l'institution centenaire au Groupe TSX, hier, les dirigeants des deux entreprises se sont montrés peu enclins à répondre aux «préoccupations» exprimées la veille par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
Pas moins de 99,6 % des actionnaires qui ont pris la peine de voter ont appuyé la transaction d'un milliard de dollars, a-t-on appris à l'occasion de l'assemblée générale extraordinaire tenue hier matin à l'hôtel Ritz-Carlton de Montréal. Les détenteurs de 71,3 % des actions ont participé au vote.
Aucun actionnaire présent n'a même cru bon de poser une question au président et chef de la direction de la Bourse, Luc Bertrand, au sujet de la transaction.
La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, s'est montrée peu surprise du résultat.
«Henri-Paul Rousseau [le président de la Caisse] avait laissé croire au départ qu'il serait contre cet achat par Toronto, mais il a par ailleurs souhaité, comme je l'ai fait, que l'Autorité des marchés financiers [AMF] soit responsable des dérivés d'une part et que, d'autre part, les dérivés demeurent à Montréal. Je pense que tout le monde est d'accord avec ça.»
Il reste que dans un entretien téléphonique, Michael Ptasznik, cochef de la direction par intérim du Groupe TSX, ne s'est aucunement engagé à prendre en considération les propositions faites mardi par la Caisse pour renforcer les garanties ayant trait à la pérennité de la négociation des produits dérivés à Montréal.
«Nous croyons que nous avons pris des engagements qui devraient répondre aux besoins du comité [l'AMF, en fait]», a-t-il déclaré. Le Groupe TSX entend marquer des points lors des audiences publiques de l'AMF sur la transaction proposée, les 26 et 27 mars à Montréal. «Nous avons hâte de clarifier notre position et de nous assurer que les gens la comprennent», a précisé M. Ptasznik.
Même son de cloche de la part de M. Bertrand, qui n'a pas l'intention de défendre les revendications de la Caisse auprès du Groupe TSX ou de l'AMF. Selon lui, l'accord conclu avec le groupe de Toronto comprend «tous les ingrédients» nécessaires pour garantir la pérennité d'une place boursière à Montréal.
En fait, le dirigeant a laissé transparaître une légère exaspération à propos des critiques formulées contre le projet de transaction.
«À un moment donné, je suis prêt à travailler sur l'aspect réglementaire, mais il faut regarder, comme on dit en anglais, le "big picture", qui est très, très puissant, a-t-il affirmé. Je pense qu'on a fait un montage qui va permettre à Montréal de jouer un rôle central dans cette nouvelle compagnie unique.»
Luc Bertrand n'a pas répondu directement quand un journaliste lui a demandé si la Bourse avait un «plan B» advenant le refus de l'AMF d'approuver la transaction. «Nous sommes optimistes de nature», a-t-il lâché, avant de rappeler la vague de fusions-acquisitions en cours dans l'univers boursier mondial.
Frais de résiliation
Dans son mémoire, la Caisse réclame des «conditions solides et légalement opposables» visant le maintien à Montréal des activités sur dérivés, la garantie que tout futur développement dans ce domaine se fasse dans la métropole québécoise et un resserrement de l'engagement à l'égard des administrateurs québécois du futur Groupe TMX.
À cela, Luc Bertrand a répondu hier que l'AMF continuerait d'avoir son mot à dire sur les activités de dérivés de la nouvelle entité.
La Caisse, qui détient 8 % des actions de la Bourse, s'est aussi dite «inquiète», de façon générale, par les fortes indemnités de résiliation prévues dans les accords de prise de contrôle. Dans le cas du rachat de la Bourse de Montréal, le montant s'élève à 47,5 millions, soit environ 3,7 % de la valeur totale de la transaction au 7 décembre.
Lorsque la Caisse et l'espagnole Ferrovial avaient mis la main sur la British Airport Authority, en 2006, l'indemnité de résiliation avait été de 115 millions de livres, soit 1,1 % du montant total de la transaction.
Par ailleurs, M. Bertrand, qui sera responsable de la technologie au sein de la nouvelle entreprise, n'a pas voulu se prononcer hier sur les chances que la plate-forme montréalaise, Sola, soit implantée à Toronto.
Le projet annoncé le 10 décembre dernier devait être approuvé par les détenteurs d'au moins 66,6 % des actions de la Bourse de Montréal.
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