Le député indépendant Pierre Curzi a relancé il y a quelques jours l’idée d’un front uni électoral des partis souverainistes, seule façon à son avis d’empêcher la réélection du gouvernement Charest. Sur le strict plan de la mathématique électorale, il a raison. Dans plusieurs circonscriptions, la dispersion du vote des électeurs souverainistes ou progressistes ne pourra que favoriser le parti gouvernemental.
La lecture de la situation que fait le député de Borduas, partagée par une coalition d’artistes militants, est tout à fait réaliste. Le problème est qu’elle apparaît difficilement réalisable tant il y a d’obstacles à surmonter. L’a bien démontré hier la réaction de Québec solidaire, qui n’est disposé à envisager que des ententes ponctuelles. Par exemple, avec Option nationale, il serait possible de convenir de ne pas se faire la lutte dans les comtés de Gouin et de Nicolet-Yamaska afin de favoriser l’élection de Françoise David dans le premier cas et de Jean-Martin Aussant dans le deuxième cas.
C’est un premier pas, mais on est tout de même à des lieues du front uni souhaité. Si le Parti québécois n’est pas le pivot de cette stratégie, celle-ci ne peut produire de résultats. Or une alliance avec ce vieux parti apparaît aux yeux de Québec solidaire presque contre nature. Dans nos pages, Amir Khadir et Françoise David lui ont reproché de « clignoter à gauche avant une élection pour tourner à droite une fois au pouvoir ». Bref, le PQ n’est plus assez progressiste à leurs yeux.
Un tel projet de front uni ne s’improvise pas. Il faut en premier lieu définir une plateforme commune. Même si celle-ci est réduite à sa plus simple expression, cela exigera une longue négociation. Puis viendrait la mise au point d’une certaine stratégie électorale commune. Qui céderait sa place à qui et dans quels comtés ?
On mesure toute la difficulté contenue au débat qui s’ensuivrait dans le combat de coqs en cours dans le comté de Gouin, où la double candidature du député péquiste Nicolas Girard et de la co-chef de Québec solidaire, Françoise David, risque de permettre au candidat libéral de se faufiler.
Ce cas des candidatures dans Gouin aura valeur de test pour l’idée d’un rapprochement à moyen terme des forces progressistes. Si on devait être incapable de trouver un compromis honorable, il faudra conclure que ces deux partis, qui se prétendent modernes et ouverts, sont d’abord conduits par leurs intérêts partisans. Ce sera à désespérer de voir un jour des politiciens faire de la politique autrement. L’idée d’un front uni serait-elle une utopie ? On pourrait alors le croire.
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