Le chef de l’Église catholique s’est rendu dimanche auprès de paysans sans terres dans un quartier miséreux d’Asunción, au Paraguay, avant une grande messe en plein air, la dernière de son périple sud-américain.
Dans le quartier de Banado Norte, où les paysans déplacés sont nombreux, le pape François a salué « la lutte » pour la terre dans un pays où 1 % de la population possède 77 % des terres agricoles.
Cet engagement « ne vous a pas enlevé la solidarité, bien au contraire, a-t-il fait remarquer, il l’a stimulée, il l’a faite grandir ».
Une porte-parole de cette zone d’une population de 33000 habitants, et régulièrement inondée, a dénoncé le mépris de l’État pour les pauvres et demandé au pape de porter leurs revendications. « Il faut régulariser la propriété de la terre », a notamment plaidé María García.
« Une foi qui n’est pas solidaire, soit elle est malade, soit elle est morte », a estimé le pape jésuite.
Comme dans le reste de l’Amérique latine, la demande des paysans de redistribution des terres cultivables est généralement restée lettre morte au Paraguay.
Avec ses sept millions d’habitants le Paraguay a affiché une croissance économique de 14,5 % en 2013 et de 4,5 % l’an dernier mais 40 % de la population vit toujours dans la pauvreté. Il est devenu ces dernières années le 4e exportateur mondial de soja, derrière le Brésil, les États-Unis et l’Argentine.
Jovial et enclin à embrasser enfants, malades et personnes âgées, le pape a célébré dimanche une messe dans la petite chapelle Saint-Jean-Baptiste de Banado Norte. Puis il a patiemment pris la pose pour des photos avec les fidèles, toujours souriant.
François a également frappé à la porte de la maison de Carmen Sánchez, 50 ans. « Je ne savais pas quoi lui dire », confie-t-elle. Concédant qu’elle lui avait préparé la spécialité locale, un pain de maïs, du fromage et un oeuf, mais qu’avec toute cette émotion, « j’ai oublié de lui offrir ».
« J’espère seulement qu’après la visite du pape, le gouvernement fera quelque chose pour nous prêter assistance », a souligné une habitante du quartier, Silvia Sánchez, après avoir écouté le discours de samedi de François, appelant les décideurs à agir contre la pauvreté.
À la mi-journée, lors de l’homélie dans le parc Ñu Guazú, près d’Asunción, François a engagé les fidèles de Jésus « à passer de la logique d’égoïsme, de fermeture, de lutte, de division, de supériorité à une logique de vie, de gratuité, d’amour ».
Des dizaines de milliers de personnes avaient dormi dans le parc Ñu Guazú, pour s’assurer un espace sur la pelouse, près de l’autel gigantesque et coloré, décoré de 32000 épis de maïs, noix de coco et citrouilles.
Outre les centaines de milliers de Paraguayens réunis, le président Horacio Cartés avait convié son homologue argentine Cristina Kirchner.
Avant de quitter le Paraguay, il devait rencontrer des jeunes paraguayens sur la Costanera du centre d’Asunción, une promenade qui borde le fleuve Parana.
Le pape devait aussi se recueillir devant le centre commercial Ycua Bolaños, où plus de 400 personnes ont péri dans les flammes, en 2004.
La main tendue aux pauvres et aux oubliés du système est la grande constante de ce voyage papal en Équateur, Bolivie et au Paraguay.
Il a martelé à quel point l’économie devait changer, être au service du peuple, disant par exemple que « le sacrifice de l’homme à l’autel de la rentabilité » n’était pas acceptable.
Affublé du titre de « pape révolutionnaire » par la presse, François a fustigé samedi « les idéologies qui se terminent toujours en dictature ».
Ce deuxième déplacement en Amérique latine, après les Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) au Brésil en 2013, devait s’achever vers 23 h 00 GMT, heure de décollage prévu de l’Airbus papal, à destination de Rome.
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