Financement illégal: Labonté affirme que Tremblay savait

Montréal - élection 2009


Benoit Labonté Photo: Robert Skinner, Archives La Presse

André Duchesne - Lorsqu'il était membre d'Union Montréal et qu'il siégeait au comité exécutif, Benoit Labonté a appris de la bouche même du maire Gérald Tremblay que l'administration municipale et le parti étaient plongés dans un système de financement illégal.
C'est ce que M. Labonté, ex-lieutenant de Louise Harel au sein de Vision Montréal, a soutenu dans sa longue entrevue donnée à la télévision de Radio-Canada et qui sera diffusée plus tard aujourd'hui.Dans de courts extraits que la société d'État diffuse depuis quelques heures, Benoit Labonté vise explicitement Bernard Trépanier, directeur du financement d'Union Montréal de 2004 à 2006. Selon M. Labonté, ce dernier était au coeur d'un système de ristournes au parti Union Montréal lorsque la Ville fait des investissements dans une multitude de projets. Le système atteignait même le domaine culturel.
«Partout où je passais, c'est toujours le même commentaire qui revenait, a dit M. Labonté. Bernard Trépanier, 3 %. Bernard Trépanier, 3 %. Bang, bang, bang, bang. Même le milieu culturel me transmettait ça.»
Il dit avoir abordé la chose avec le maire Tremblay. Or, le maire savait, selon ses prétentions. «Et là, Gérald Tremblay, il a blanchi physiquement, poursuit M. Labonté. Il est devenu pâle, pâle, pâle. Je n'ai pas eu l'impression qu'il devenait pâle parce que je lui apprenais quelque chose. J'ai nettement l'impression que c'est parce que je venais de découvrir quelque chose. Alors, il s'est calé un peu dans son fauteuil. Il m'a regardé de façon candide et m'a dit : «Tu sais Benoit, en politique municipale -en parlant de Montréal- c'est juste de ça.»»
Sous la bannière d'Union Montréal, Benoit Labonté avait été élu maire de l'arrondissement Ville-Marie en novembre 2005. Proche de maire Tremblay, il avait été considéré comme son dauphin durant un moment. Or, en septembre 2007, le maire Tremblay annonçait qu'il rapatriait les pouvoirs de M. Labonté au sein du comité exécutif, ce qui avait entraîné la démission de ce dernier et son passage à Vision Montréal, l'ancien parti de Pierre Bourque.
Ces révélations surviennent alors que ce matin, dans une entrevue diffusée dans le quotidien Le Devoir, Gérald Tremblay a déclaré que dès son arrivée au pouvoir en 2001, il a été mis au courant de rumeurs concernant des enveloppes brunes circulant à l'hôtel de ville. «Il y a un certain nombre d'entrepreneurs qui se partagent des contrats et des territoires», a lancé le maire qui dit avoir tout fait pour faire cesser cette pratique. Il a même ajouté avoir des craintes pour sa famille.
Les histoires de collusion et de corruption impliquant des entreprises de construction et le domaine municipal se sont multipliées au cours des derniers mois. Parmi celles-ci, on compte le scandale du contrat des compteurs d'eau à Montréal impliquant l'entrepreneur Tony Accurso, la réfection du toit de l'hôtel de ville de Montréal où un entrepreneur a indiqué avoir reçu des menaces, l'enquête menée par la Sûreté du Québec sur des liens présumés entre les motards criminalisés et le Fonds de solidarité de la FTQ, etc.


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