Financement de masse ou élitisme?

Par Claude Boucher

Québec 2007 - Parti Québécois

Plusieurs médias ont récemment commenté l'état des finances du Parti québécois, minimisant le succès de la dernière campagne de financement.
Les commentateurs politiques semblent plus impressionnés par les 8.3 millions de dollars amassés par un parti élitiste au pouvoir que par les 3.5 millions de dollars donnés à un parti de masse dans l'opposition. Je voudrais d'abord réaffirmer que le Parti québécois a connu sa meilleure campagne de financement depuis 2003, éliminant du même coup la dette du parti. Toutefois, je voudrais surtout rappeler les grands principes de notre système de financement électoral, les différences entre le Parti québécois et le Parti libéral et souligner les risques potentiels liés au contournement de la loi.
Le système de financement des partis politiques a été créé par le gouvernement de René Lévesque afin de soustraire le financement des partis politiques aux caisses occultes et aux riches lobbys. L'objectif était de s'assurer que seuls les électeurs puissent contribuer à un parti politique. En remettant aux électeurs le pouvoir de financer les partis politiques, René Lévesque souhaitait créer un système partisan purement démocratique.
Mais bien qu'en théorie tous les partis soient soumis à la loi sur le financement, les partis politiques ne font pas tous face à la même réalité. Le Parti libéral et le Parti québécois ont des structures militantes fort différentes. Le Parti québécois a toujours été, et demeure, un parti de masse contrôlé par sa base militante. Le Parti libéral, de son côté, a traditionnellement été un parti élitiste représentant des intérêts bien définis.
Le fait que nous ayons pu amasser 3.5 millions de dollars en 2006 en étant dans l'opposition devrait impressionner les analystes politiques au lieu de susciter des commentaires négatifs. L'objectif du Parti québécois n'est pas de satisfaire les lobbys les plus puissants, mais de faire un pays. Les militants sont profondément attachés à leur parti, tellement qu'ils n'hésitent pas à donner ce qu'ils peuvent pour soutenir la cause de la souveraineté.
Ce sont les citoyens de la classe moyenne et les étudiants, et non les grandes fortunes, qui font vivre le Parti québécois. Par exemple, en 2005, la contribution moyenne par électeur était de 146 $ pour le Parti québécois, comparativement à 359 $ pour le Parti libéral, soit plus du double. Mais si les contributeurs libéraux semblent plus riches, il sont aussi moins nombreux, 22 846, contre 35 112 pour le Parti québécois en 2005. De plus, contrairement au Parti libéral qui ne tirait, en 2005, que 2% de ses revenus de l'adhésion de ses membres, la vente de cartes de membre à 5 $ a représenté 11% des revenus du Parti québécois. Les contributions versées au Parti québécois de moins de 200 $ représentaient près du quart du financement total du parti, comparativement à 9% pour les libéraux.
Notre système de financement est certes démocratique, à condition que tout le monde respecte les règles du jeu. Combien de membres de conseils d'administration peuvent verser 3000 $ à un parti politique sans que ces dons soient considérés comme du financement corporatif? À la suite du rapport Moisan, j'avais suggéré comme alternative au contournement de la loi un encadrement des dons faits par des personnes morales.
À la veille du déclenchement des élections, et éventuellement d'un référendum, il importe que tout le monde puisse jouer selon les mêmes règles. Le rapport du DGE sur l'affaire Option Canada risque d'illustrer cruellement les conséquences d'un combat à armes inégales.
Claude Boucher
Député de Johnson


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