Faudra-t-il que des journaux ferment ?

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L'Empire Power en quête de subventions pour maintenir La Presse en vie

Mélanie Joly attend-elle qu'un grand quotidien ferme ses portes pour agir ? Attend-elle qu'un autre journal fasse de même, puis un autre et un autre encore pour se décider à les aider ? Attend-elle, finalement, que la crise des médias disparaisse d'elle-même ?


Les grandes salles de rédaction du pays sont plongées dans une crise sans précédent qui remet en question leur existence même. Des milliers de journalistes se demandent s'ils auront toujours un emploi dans quelques années.


On comprend les lecteurs de ne pas réaliser la gravité de la situation. Après tout, ils continuent de recevoir chaque jour une abondance de nouvelles comme si de rien n'était.


Mais la ministre Joly, elle, ne peut ignorer la situation précaire dans laquelle se trouvent les journaux puisqu'elle a rencontré les directions des quotidiens ces derniers mois.



Elle a aussi mené une consultation pancanadienne sur la question. Et elle a même demandé à ses fonctionnaires de lui détailler les conséquences d'une éventuelle disparition des deux principales entreprises médiatiques du pays, Torstar (Toronto Star) et Postmedia (National PostMontreal Gazette, etc.)...


Vous imaginez à quoi ressemblerait votre quotidien... sans quotidien ? Ces matins sans journaux. Ces enquêtes qui n'auraient pas lieu. Ces analyses qui ne seraient pas publiées. Ces débats qui ne se feraient pas.


Et pourtant, hier, Mélanie Joly n'a proposé absolument aucune solution pour traverser cette crise qui ébranle l'un des piliers de la démocratie. Elle n'a offert aucune aide malgré l'urgence de la situation, aucun programme, aucune politique, sinon la création d'un incubateur de nouvelles numériques... par Facebook !


Or le problème des médias écrits, c'est justement Facebook. Ou du moins, c'est le siphonnage de la presque totalité des revenus publicitaires canadiens (82 %) par les Facebook et Google de ce monde, qui ont torpillé le modèle d'affaires des journaux.


Ces géants de la Silicon Valley pillent également tout ce qui se diffuse sur le web à la manière de chalutiers raclant les fonds marins... sans offrir de compensation aux salles de rédaction qui ont pourtant produit ce contenu à fort prix.


Et ce, bien sûr, « en marge du système réglementé que l'on connaît », comme l'a précisé hier la ministre Joly.


La lutte est donc inégale, convenons-en. Et cela est particulièrement vrai au Canada, puisque c'est un des pays qui aident le moins la presse écrite.


La presse écrite reçoit ici l'équivalent d'à peine 2 $ par habitant... alors que les États-Unis offrent 6 $, la Grande-Bretagne, 18 $ et la France, 30 $. Et ne parlons même pas de ces pays scandinaves où la somme frôle 100 $ !


Soyons clairs, les médias écrits n'ont pas besoin de subventions à vie pour « soutenir des modèles qui ne sont plus viables », pour reprendre les mots de la ministre. Ils n'ont pas besoin d'un renflouement, encore moins d'un plan de sauvetage.


Ils ont simplement besoin d'un accompagnement ponctuel et temporaire de cinq ans pour traverser la crise, pour élaborer des plateformes performantes, pour financer les coûteuses transformations numériques qui leur permettront d'affronter Google et compagnie, et ainsi, de rester en vie.



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