Pourquoi le Mexique reste neutre, mais pas le Québec

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La différence : une presse indépendante

Point de vue d’un Québécois.


Peu après la décision des pays de l’OTAN et de l’Union européenne d’imposer des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, le président du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador a indiqué qu’il écartait tout type de sanction envers la Russie, s’opposant également à la « censure » de médias russes après l’intervention en Ukraine par Moscou.


« Nous n’allons prendre aucunes représailles de type économique, parce que nous devons maintenir de bonnes relations avec tous les gouvernements du monde. Et nous voulons être en mesure de pouvoir parler avec les parties en conflit », a déclaré le président de gauche nationaliste. Dans la même foulée, le président avait écarté toute fermeture de l’espace aérien mexicain aux compagnies aériennes russes.


Cette position du Mexique nous rappelle celle qu’il avait prise au moment de l’invasion de l’Afghanistan par l’armée américaine après les attentats du World Trade Center.


Je me souviens du débat qui divisait les Québécois à l’époque. Beaucoup de chroniqueurs proposaient l’appui des Québécois à cette intervention même si elle se faisait plutôt via l’implication des troupes canadiennes. Ma position à cette époque était très onusienne à savoir que les États-Unis étant le pays attaqué avaient le droit de se défendre. Mais de là à ce que les indépendantistes québécois s’embrigadent dans la grande croisade atlantiste, c’était un pas à ne pas franchir. Je donnais alors l’exemple du Mexique dont la constitution lui interdit d’utiliser ses troupes hors de son territoire. Cette attitude de neutralité demeure la seule valable à la fois pour ce pays et notre futur pays. C’est la seule façon de ne pas être happé par les guerres impérialistes et celles des grands blocs. Spécialement pour le Québec, s’aligner sans réflexion sur les positions canadiennes nous interdit toute possibilité d’avoir prise sur les opinions politiques à l’intérieur de notre nation. Jamais depuis deux siècles, les mouvements nationalistes québécois n’ont appuyé les aventures militaires de nos maîtres anglo-saxons. Que ce soit aux deux crises de la conscription lors des deux guerres mondiales et plus dernièrement l’invasion de l’Irak.


La sagesse québécoise a toujours rejoint la sagesse mexicaine. Maintenant pourquoi en est-il autrement pour cette guerre économique déclenchée par l’OTAN et l’Union européenne ? Il se passe que contrairement au Mexique, les Québécois n’ont pas de système de renseignement qui leur permette de déjouer les manipulations des grandes entreprises de presse qui sont pour la plupart inféodées aux services de renseignement à la fois de l’OTAN et de l’Alliance anglo-saxonne dite des « five eyes ». Ce qui fait qu’aujourd’hui des indépendantistes québécois marchent main dans la main avec Justin Trudeau et Chrystia Freeland, de même qu’avec Joe Biden et Donald Trump, en n’oubliant surtout pas le suave Boris Johnson et Emmanuel Macron, le gallo-américain.


Il faut dire à la défense des Québécois que l’OTAN a gagné aujourd’hui la bataille de l’information. Quand on dit « notre côté », on ne parle plus des Québécois mais de tous les peuples que l’oncle Sam a rassemblé sous le nouveau « nous » impérial. Or le Mexique résiste au rouleau compresseur médiatique. Il a des informations que nous n’avons pas. Il a une lecture des événements que nous n’avons pas. Il a surtout une méfiance historique face au bloc anglo-saxon, méfiance que nous n’avons pas.


La vérité mais aussi la réalité c’est que l’Ukraine que nous devons défendre n’est pas la bonne. Nous sommes devant une Ukraine falsifiée, à vrai dire sous influence, mortellement prise en mains par les services secrets américains qui sont prêts à sacrifier des milliers de Russes et d’Ukrainiens dans une guerre fratricide au nom de leur propre guerre pour l’hégémonie mondiale. Ce que les Mexicains savent et que nous ne savons pas c’est qu’actuellement la Russie intervient pour mettre fin à la guerre du Donbass avant que les régiments nazis enrôlés et soutenus par les services américains devenus maintenant très forts n’envahissent le Donbass pour imposer leur « solution » du conflit. Pour ceux qui croient la Russie belliciste, rappelons que la Russie a attendu 8 ans avant d’intervenir, après avoir fait des prodiges de démarches diplomatiques. De même en Syrie, c’est presque à la dernière minute quand le régime laïc au pouvoir allait être chassé de Damas par des hordes islamistes entièrement équipées et financées par les alliés des Américains, que la Russie est intervenue en vertu d’accords mutuels avec la Syrie.


Les Mexicains savent peut-être que la seule façon de comprendre le nouveau conflit ukrainien c’est de prêter foi aux intentions révélées par le président russe : une intervention limitée dans le temps qui exclut la conquête globale de l’Ukraine, qui vise d’abord à désarmer les forces néo-nazies qui forment probablement autour de 30 000 hommes dans l’armée ukrainienne.


Les Mexicains connaissent probablement l’histoire de ces bataillons dans l’armée ukrainienne. Ils savent que ce sont ces bataillons ultra fanatiques qui défendent Marioupol et Karkhiv. Ils savent même que ce conflit a commencé par un coup d’état piloté par l’adjointe au secrétaire d’état américain Victoria Nuland et financé à coups de millions de dollars.


Maintenant, ce que les Québécois doivent eux savoir c’est qu’il y a une presse indépendante en Belgique et en France qui peut nous informer. Elle prend ses informations auprès d’observateurs dévoués actuellement présents sur le terrain. On n’a qu’à penser à l’incroyable « Christelle Néant » qui couvre depuis des années la guerre du Donbass ignorée par les grands médias de masse. Maintenant, il est temps de retrouver « notre » vérité, « notre » indépendance et le courage d’élargir notre vision avant que nous ne soyons engloutis par le monde impérial anglo-saxon.


Si le Mexique l’a fait, nous pouvons le faire.