EXCLUSIF. La France, le grand bouleversement

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France : l'élite est en sécession culturelle avec les couches populaires tandis que la population musulmane explose

Dans un livre-événement, Jérôme Fourquet analyse de nombreuses données qui dessinent une société française au stade ultime de la fragmentation.


C'est une somme de données et d'analyses qui sera commentée et, à coup sûr, suscitera la polémique. Selon Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l'Ifop, auteur de L'Archipel français (Seuil), la France connaît un véritable bouleversement « anthropologique ». Dislocation des références culturelles communes, fin de la matrice catholique, instauration d'une société multiculturelle, sécession des élites, éclatement du clivage gauche-droite… Notre société est, comme jamais, en voie d'« archipelisation ».


« Nous sommes passés d'une société en silo à une société en millefeuille », explique au Point l'auteur, qui a eu recours à un nombre considérable de données (chiffres de l'Insee, l'Ined, sondages, listes électorales, etc.) pour dessiner la France d'aujourd'hui et de demain.


Lire notre interview de Jérôme Fourquet : « Nous vivons un véritable changement de nature »


Premier enseignement : la déchristianisation de la société. De nombreux éléments, allant de la disparition du prénom Marie à la baisse du nombre de prêtres en passant par la diminution du nombre de baptêmes, prouvent que la France est entrée dans une « ère post-chrétienne », comme le décrit le politologue. Les graphiques que nous publions sont, sur ce point, éloquents.


Lire notre article : Moins de baptêmes, de mariages et d'enterrements... La fille aînée de l'Église s'émancipe


Le livre expose également les résultats d'une anthroponymie. L'auteur a utilisé la base de données de l'Insee recensant l'ensemble des prénoms donnés en France depuis 1900 ainsi que diverses listes électorales. « Nous avons mobilisé cette gigantesque base (...) afin de mettre en évidence différents phénomènes comme la montée en puissance d'un individualisme de masse, l'affranchissement idéologique et culturel des catégories populaires et le regain identitaire », écrit le politologue. La forte hausse de la part des nouveau-nés en 2016 en France portant un prénom arabo-musulman (18 %) risque d'être la plus commentée. Ce chiffre n'est pas isolé. Des hausses similaires sont à noter à propos des prénoms hébraïques et régionaux.


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Enfin, en cette période de Gilets jaunes où la France d'en bas se révolte contre celle d'en haut, Jérôme Fourquet produit de nombreux graphiques montrant une réelle sécession des élites, qui se détachent du reste de la société. « Les occasions de contacts et d'interactions entre les catégories supérieures et le reste de la population se raréfient », écrit le politologue dans une enquête qui paraîtra le 7 mars.