Être libéral

Ce libéralisme qui a cherché à tout déréglementer aux États-Unis et ailleurs récolte ses fruits amers aujourd'hui.

Crise mondiale — crise financière


Le mot libéral a acquis ses lettres de noblesse à une époque où la liberté n'était qu'un rêve dans presque tous les aspects de la vie. Ni les hommes, ni les femmes, ni les nations n'étaient libres. Être libéral signifiait à l'époque être progressiste.
Par exemple, le parti libéral britannique créé au début du XIXe siècle et qui inspira ceux du Québec et du Canada favorisait les réformes sociales et le libre-échange.
En passant, honte au Parti libéral de John Turner qui s'opposa à ce dernier en 1988 et gloire à celui de Wilfrid Laurier qui le proposa en 1911. Au Québec, le Parti national, fondé par Honoré Mercier à la fin du XIXe siècle, devint plus tard le Parti libéral, suivant l'esprit du temps.
Devant les immenses progrès de la liberté, et malgré les disparités persistantes, on peut affirmer que l'histoire ressemble à une longue marche vers la liberté. Dans ce contexte, non seulement le mot libéral et la notion de libéralisme ont-ils perdu peu à peu de leur pertinence, mais encore ils sont devenus des symboles d'un laisser-faire qui frôle l'anarchie, en économie du moins.
FRUITS AMERS
Ce libéralisme qui a cherché à tout déréglementer aux États-Unis et ailleurs récolte ses fruits amers aujourd'hui. C'est John Kenneth Galbraith qui avait raison avec Roosevelt et Kennedy, et non Milton Friedman, Reagan ou Bush.
Une circonstance majeure a paradoxalement soutenu la dérive du libéralisme : l'effondrement du communisme et le passage à l'économie de marché dans l'ensemble de l'humanité. Des théoriciens superficiels et des affairistes âpres au gain en ont conclu que la liberté économique devrait être totale. Ce libéralisme se nomme aussi le néoconservatisme.
Lorsque Jean Charest, un conservateur, est venu prendre la tête du Parti libéral, il a passé des années à dénoncer une série d'interventions étatiques qui ont pourtant joué un rôle majeur dans la restructuration de notre économie et qui lui permettent aujourd'hui de mieux résister aux tempêtes.
Les subventions à la recherche et développement, à Ubisoft, à la Cité du Multimédia, à Paccar allaient à l'encontre de leur dogme. On se souvient du fameux «Si une usine ferme à un endroit, elle ouvrira ailleurs».
IDÉES RÉTROGRADES
Il n'était pas bon, aux yeux des libéraux, que la Caisse de dépôt s'occupe d'autres choses que de rendements. Pour ceux-là, on repassera ! Mais il est certain que sans l'intervention de la Caisse, TVA serait dirigée à partir de Toronto; comme si ce n'était pas assez que Radio-Canada le soit à partir d'Ottawa. Les libéraux ont aussi démoli le soutien au capital de risque. Même la disparition de la Société générale de financement fut souhaitée, et elle fut décapitée par les libéraux comme d'autres instruments de contrôle du projet 18 mois avant l'échec de la Gaspésia, qu'un juge plus que néoconservateur a pourtant imputé à l'interventionnisme.
On voit aujourd'hui chez Jean Charest une repentance bien tardive. C'était beau de le voir appuyer Ubisoft lors d'une expansion récente. Il nous a quand même fait perdre quatre ans. La présente tourmente prouve que nous avions besoin du contraire. On peut être attaché au mot «libéral» sans l'être à des idées rétrogrades.


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