Selon le journaliste Marco Fortier, du Devoir, l’annulation la semaine dernière de la présence à une table ronde et à une conférence de Nadia El-Mabrouk par le syndicat de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal ne serait pas due à ses positions sur la laïcité, mais davantage à ses opinions sur le militantisme transgenre.
L’invitation à Mme El-Mabrouk, professeure à l’Université de Montréal, membre du groupe féministe Pour les droits des femmes du Québec (PDF), conférencière et chroniqueuse dans La Presse, avait été faite depuis janvier 2018.
Se basant sur un article de Mme El-Mabrouk paru dans La Presse+ le 9 mai dernier intitulé « Idéologie queer la nouvelle religion », Élyse Bourbeau, membre du syndicat et enseignante, aurait exprimé fortement et avec colère sa désapprobation lors d’une assemblée des délégués, appuyée par des « alliés », soulignait-elle sur sa page Facebook.
Elle affirmait sur cette page, désormais réservée, que Nadia El-Mabrouk était non seulement contre les femmes voilées, mais qu’elle était aussi « transphobe ».
Elle énumérait alors une longue liste de doléances, soit que Nadia El-Mabrouk : « nie la réalité scientifiquement démontrée de l’identité de genre; accuse les personnes trans de nuire au mouvement féministe; mégenrent (sic) plusieurs personnes trans; dénigrent (sic) le mouvement queer ».
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L’article de Nadia El-Mabrouk était d’une « violence inouïe envers des femmes qui enseignent et qui sont membres de l’Alliance » et Élyse Bourbeau aurait ressenti une « blessure énorme », écrivait-elle aussi.
Telle était la base de ses revendications à son syndicat.
Plusieurs féministes dénoncent depuis longtemps les conséquences sur toutes les femmes des revendications du lobby transgenre omniprésent (et omniscient?) : ouverture des dortoirs, vestiaires, toilettes et prisons réservés aux femmes; acceptation des trans dans les compétitions sportives féminines; intégration des femmes trans dans les statistiques concernant les femmes, ce qui fausse certaines réalités; demandes afin qu’on cesse de parler de femmes enceintes, de maternité, de mère, mais plutôt de personnes enceintes; remplacement de femmes menstruées par « menstruateurs », etc.
Altération des mots
Des féministes britanniques dénoncent, elles, l’altération des mots pour désigner les organes sexuels féminins et les femmes: le Parti vert britannique ne parle plus de « femmes » mais de « non-hommes » et le Musée de la Wellcome Collection, le collège Goldsmiths et l’Université de Londres ont, eux, décidé d’adopter le mot « womxn » dans le but d’inclure les trans !
Nadia El-Mabrouk n’est pas la première féministe à être l’objet de blâmes. Une conférence de Rhéa Jean, docteure en philosophie et féministe, organisée par le collectif Société de l’UQAM en 2016 et intitulée « Sexes, genres et transidentités : réflexions critiques », avait été interrompue à cause de l’agressivité de plusieurs personnes de l’assistance. La conférencière s’était réellement sentie en danger.
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Ce ne sont que quelques exemples de la dérive qui entoure l’idéologie de l’identité de genre.
Est-il permis aujourd’hui de critiquer cette idéologie?
Est-il permis aux femmes de se définir elles-mêmes et de dénoncer des menaces à leurs droits?
Est-il permis de penser qu’on assiste à une nouvelle tentative patriarcale de reprendre le contrôle sur les femmes et leur corps?
L’influent lobby trans est tel qu’il ne demande pas uniquement que leurs droits soient respectés (droits contre la discrimination à l’emploi, au logement, contre la violence physique, le harcèlement, etc.) — des droits que toutes les féministes appuient sans réserve pour toutes les personnes —, mais il veut changer la réalité en fonction du ressenti de certaines personnes, imposer de nouveaux « droits » et des changements qui touchent les femmes, dont leur identité propre.
Pour contrer toute cette censure, cet effacement et même cette agressivité, un groupe a formé le mouvement #WomenStandUp pour rappeler qui sont les femmes : « un être humain de sexe féminin ».
On en est rendues là! Ce mouvement est devenu essentiel.
Surtout lorsque des féministes influentes comme Françoise David, aussi invitée au colloque de l’Alliance, affirme être contre les positions de Nadia El-Mabrouk sur la laïcité et sur les trans, car c’est une « menace supposée — mais non avérée — sur les luttes féministes » !
Surtout lorsqu’on voit des politiques gouvernementales participer à cet effacement des femmes.
Le dernier en date est ce changement du ministère de la Condition féminine en ministère des Femmes et de l’Égalité des genres en décembre 2018.
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Mais oui, malheureusement, le militantisme transgenre (comme le militantisme contre la laïcité) est une menace pour les luttes féministes ET pour les femmes.
Voilà pourquoi on doit multiplier les débats, conférences et tables rondes pour aborder, sans faux-fuyant, ces sujets.