Entrevue avec Mario Beaulieu: le chef du Bloc québécois garde le cap

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Il refuse le silence complice des députés du NPD

(Québec) «Les partis indépendantistes ont souvent été donnés pour morts, mais ils ont toujours rebondi, plus forts que jamais.» À six mois des élections fédérales, le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, refuse de croire à la mort de son parti. Au contraire.

«Je pense que là, c'est la bonne fois. Il faut s'inspirer des indépendantistes écossais, qui, après un référendum crève-coeur, se sont mobilisés, ont fait élire 56 députés à Westminster et promettent déjà un nouveau référendum en 2016», a dit Mario Beaulieu en entrevue au Soleil, cette semaine, alors qu'il était de passage dans la capitale.
«Le Bloc demeure plus pertinent que jamais. La marche vers l'indépendance est en train de reprendre. On a un Parti québécois avec un objectif très clair de faire du Québec un pays», souligne M. Beaulieu, qui remarque une conjoncture différente depuis deux ans.
«Il y a un regroupement des forces souverainistes [...]. Jacques Parizeau a déjà dit que le Bloc était le fer de lance de l'indépendance. Les élections de 2015 sont cruciales, pas seulement pour les bloquistes, mais pour tous les indépendantistes du Québec», fait valoir M. Beaulieu, soulignant avoir l'appui non seulement du Parti québécois, mais aussi de Québec solidaire et d'Option nationale dans les investitures du Bloc québécois.
Les derniers coups de sonde plaçant le Bloc québécois loin derrière le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui trône en première place au Québec, ne semblent pas ébranler M. Beaulieu. «Les sondages fluctuent [...]. En six mois, tout peut se passer en politique. On est très confiant qu'on va réussir à remonter la pente et qu'on va aller chercher une majorité de députés bloquistes à Ottawa.»
Essai infructueux
Aux dernières élections, les Québécois ont essayé autre chose, et le NPD n'a pas livré la marchandise, dit-il. «Le NPD n'a pas défendu les positions du Québec, on l'a vu notamment avec le chantier Davie [...]. Dans le dossier de Cacouna, le Bloc est le premier à avoir pris clairement position contre le projet, le NPD s'est rallié seulement par la suite», rappelle M. Beaulieu.
«Au Québec, qu'on soit pour ou contre la charte, il y a consensus sur le fait que les services doivent se donner à visage découvert, et aucun des députés du NPD n'a défendu la laïcité, ajoute-t-il. Ce n'est pas normal que le parti qui compte la majorité des députés au Québec ne défende pas les positions du Québec.»
Le chef du Bloc souligne par ailleurs que le NPD est un parti fédéraliste «très centralisateur» dont les prises de position impliquent souvent une perte de pouvoirs pour le Québec.
«Si on veut vraiment développer notre économie, il faut des députés du Bloc à Ottawa, poursuit-il. Dans le cadre de l'entente Canada-Union européenne, il devait y avoir des compensations pour les producteurs fromagers, et on n'a rien vu encore. La même chose se dessine avec le partenariat TransPacifique. Le Bloc avait fait un travail formidable pour protéger le système de gestion de l'offre.»
L'indépendantiste insiste : «On envoie 45 milliards $ par année à Ottawa, et cet argent-là ne sert pas les intérêts du Québec [...] Il nous faut avoir nos propres politiques fiscales et internationales fondées sur nos propres intérêts économiques : les énergies renouvelables, l'électrification des transports, l'économie du savoir, l'industrie forestière, autant de secteurs qui ne sont pas favorisés par le gouvernement fédéral.»
Mario Beaulieu convient que la pente sera difficile à remonter pour le Bloc, lui qui ne compte plus que deux députés à Ottawa. Le parti doit aussi combler son retard dans le choix de ses candidats, alors que des assemblées d'investiture ont été tenues dans seulement 22 circonscriptions jusqu'à maintenant. Mario Beaulieu estime que le processus sera terminé d'ici le mois d'août.
«Notre défi, c'est de rejoindre la population de toutes les façons possibles. On a commencé à le faire intensément dans les réseaux sociaux [...]. On a aussi produit un argumentaire intitulé Les huit raisons de faire l'indépendance et de voter pour le Bloc québécois qui va être diffusé dans les foyers partout au Québec», précise M. Beaulieu.
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À propos de PKP...
Mario Beaulieu assure par ailleurs que ses relations avec le nouveau chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, sont «très bonnes et très chaleureuses».
Rappelons qu'en novembre, PKP avait remis en question la pertinence du Bloc à Ottawa, pour ensuite se raviser. «Il a dit à maintes reprises qu'il appuyait le Bloc, que le Bloc avait un rôle essentiel à jouer», insiste M. Beaulieu.
Selon lui, le Bloc va «surfer» sur la vague indépendantiste, à laquelle PKP contribue. «Qu'un entrepreneur s'implique dans le mouvement indépendantiste, on n'a pas vu ça souvent, et je pense qu'il va contribuer à faire la démonstration qu'économiquement, on a besoin de l'indépendance.» Le chef du Bloc trouve par ailleurs «désolante» toute la «politicaillerie» qui se fait autour de l'actionnaire majoritaire de Québecor. «Le commissaire à l'éthique, qui est le spécialiste, va faire un rapport. Attendons le rapport», a-t-il commenté, prudent.


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