Entre deux chaises

Québec 2007 - ADQ


Le chef libéral, Jean Charest, a sommé Mario Dumont d'exprimer clairement ses convictions fédéralistes plutôt que de se réfugier sous l'étiquette "autonomiste". "Sur une question comme celle-là, on ne peut pas être entre deux chaises", a dit M. Charest. Une charge à laquelle a répliqué le chef de l'ADQ en continuant d'éviter le mot "fédéraliste": "L'ADQ est autonomiste, autonomiste, autonomiste."
L'ADQ propose au Québec de "s'affirmer sans se séparer". En quoi cela diffère-t-il de la politique qu'ont suivie les grands premiers ministres fédéralistes du Québec tels Jean Lesage, Daniel Johnson et Robert Bourassa? Pourquoi M. Dumont a-t-il si peur de sortir de ce placard?
C'est que le député de Rivière-du-Loup ne veut pas froisser ceux de ses partisans - la moitié, selon les sondages - qui sont souverainistes. Soit. Mais au-delà du vocabulaire, il y a deux questions auxquelles M. Dumont doit absolument répondre avant le 26 mars:
- Si le Parti québécois forme un gouvernement minoritaire et que l'ADQ détient la balance du pouvoir, s'opposera-t-elle à la tenue d'un référendum sur la souveraineté?
- Dans l'éventualité où le PQ forme un gouvernement majoritaire et tient un référendum sur la souveraineté, l'ADQ fera-t-elle campagne dans le camp du OUI ou dans celui du NON?
Mario Dumont dira qu'il s'agit de questions hypothétiques. Ce n'est pas le cas; elles concernent l'avenir immédiat du Québec. S'il y a un référendum, il n'y aura que deux réponses possibles sur le bulletin de vote; l'option "autonomiste" n'y figurera pas. Les Québécois qui songent à voter ADQ ont le droit de savoir où loge M. Dumont. Sans quoi ils seront forcés de conclure que le chef de l'Action démocratique ne joue pas qu'avec les mots mais aussi avec les principes.
D'autres aspects du programme de l'ADQ relatif au statut politique du Québec font problème. Le parti prône l'abolition du Conseil de la fédération et affirme que, plutôt que d'oeuvrer de concert avec les autres provinces, le Québec devrait discuter "d'égal à égal" avec Ottawa. Pourquoi détruire le Conseil de la fédération, une jeune institution qui a le potentiel de transformer la pratique du fédéralisme au Canada? Comment, d'une part, ignorer les autres provinces dans l'établissement d'un rapport de force avec le fédéral et, d'autre part, tenter de les convaincre de "réouvrir le dialogue constitutionnel"?
"Le développement du Québec comme nation distincte passe naturellement par un accroissement de notre autonomie", soutiennent les adéquistes. Vraiment? Dans quel domaine le Québec est-il en manque d'autonomie exactement? Ne serait-il pas préférable d'user plus sagement de l'autonomie considérable dont nous jouissons déjà?
À quoi sert de chercher à entreprendre des négociations constitutionnelles alors que tous savent que le reste du pays n'y est pas prêt? Pourquoi braquer le gouvernement fédéral en exigeant que les contribuables du Québec ne remplissent qu'un rapport d'impôt, le provincial? Que gagneraient les Québécois de ces nouvelles chicanes?
Finalement, doit-on comprendre que si le reste du Canada ne se pliait pas à toutes ces demandes, Mario Dumont redeviendrait souverainiste? Peu importe les mots, ce qu'il faut savoir de M. Dumont, c'est si l'"autonomisme" est autre chose qu'un fédéralisme conditionnel et provisoire.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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