L'énoncé économique et financier présenté par le ministre des Finances, Jim Flaherty, est une insulte aux Canadiens en ces temps qui s'annoncent difficiles. Alors que le monde entier se serre les coudes pour combattre la crise financière et relancer l'économie, le gouvernement Harper profite de la situation pour accélérer l'application de son modèle idéologique libéral à l'appareil d'État fédéral.
Il n'aura fallu que quelques semaines au gouvernement Harper pour faire la preuve de son aveuglement idéologique devant la crise mondiale qui menace. À croire que ce gouvernement a embauché les conseillers de George W. Bush qui ont perdu leur job!
Malgré les données contenues dans les documents rendus publics hier, qui montrent que le pays est d'ores et déjà entré dans une phase de ralentissement, le ministre Flaherty a plutôt choisi de s'attaquer non pas à la crise, mais aux organismes fédéraux et à tous les syndiqués de la fonction publique. Sans aucune consultation, les conservateurs promettent d'abord de fixer les salaires eux-mêmes et de renvoyer l'application de l'équité salariale à la négociation des conventions collectives de travail, et pour être certains qu'il n'y aura pas de difficultés, ils suspendent le droit de grève de ces mêmes employés jusqu'en 2011!
Du même souffle, ils annoncent qu'ils vont sabrer les programmes, les budgets des institutions fédérales et jusque les paiements de péréquation aux provinces, et comme pour se venger du résultat des dernières élections, ils annulent le financement public des partis politiques fédéraux, une formule qu'ils rendent sans doute responsable de leur échec à devenir un gouvernement majoritaire.
La seule préoccupation économique de ce gouvernement Harper nouvelle mouture, ce n'est donc pas de contrer la menace qui plane sur le pays, mais de poursuivre son oeuvre de réduction de l'État en comprimant les dépenses au pire moment possible. N'y a-t-il pas assez du secteur privé pour agir de la sorte? Pourquoi faut-il que celui dont nous étions en droit de nous attendre à une longue liste de mesures destinées à stimuler l'emploi et la consommation se lance ainsi dans une campagne de compressions budgétaires tous azimuts?
Rien dans la mise à jour économique du ministre des Finances n'encourage la relance de l'économie. Ce n'est pas nécessaire, croit-on, puisqu'il y a ces baisses d'impôt et de TPS qui ont été décrétées par le passé. Or, si ces mesures ont pu stimuler la consommation au cours des dernières années, elles ont évidemment perdu l'effet de nouveauté susceptible d'inciter les ménages à devancer une décision d'achat maintenant que la confiance a fondu.
Les seuls points positifs de cette mise à jour sont si minces -- on pense notamment à l'aide ponctuelle aux retraités -- qu'ils n'auraient même pas mérité d'être relevés si l'exercice d'hier avait eu le moindrement de contenu.
Au chapitre des revenus budgétaires, le ministre Flaherty s'attend à une chute de 3,2 milliards pour l'année en cours, en comparaison avec les prévisions faites lors du budget du printemps dernier, puis de 9 milliards l'an prochain et de 8 milliards en 2010! Or, au lieu d'annuler les réductions d'impôt sur les profits destinées à faire du Canada le pays où ils seront les plus bas parmi les membres du G7 en 2012, il choisit de réduire ses dépenses. Pourtant, ce n'est pas d'une baisse de l'impôt sur les profits que l'industrie a besoin dans une période comme celle-ci, mais d'une aide à l'investissement stratégique, à la recherche et à la formation!
Il y a deux semaines, à Washington, tous les pays du G20, dont le Canada, ont donné leur accord à un plan mondial de stimulation massive de l'économie. Depuis ce temps, l'Europe, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine ont annoncé des plans de relance spectaculaires. Il y a quelques jours, c'était au tour du Fonds monétaire international de demander aux pays industrialisés de consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut à la relance, à commencer par ceux qui ont le moins de difficultés structurelles, comme le Canada. Aujourd'hui, nous connaissons la réponse du gouvernement Harper: un beau gros rien tout nu, enveloppé dans du papier émeri!
Malgré la faillite de l'industrie forestière et l'écrasement de l'industrie de l'auto, malgré la faiblesse de la demande dans le secteur des ressources naturelles et la baisse continue des exportations, l'équipe Harper est en train de faire la preuve que les Canadiens, et les Québécois, avaient entièrement raison de ne pas lui confier un mandat majoritaire.
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