En disant oui à deux projets de pipelines tout en refusant un troisième à une semaine de sa rencontre avec les provinces pour l’adoption d’une stratégie de lutte contre le réchauffement climatique, le premier ministre Justin Trudeau tente de plaire à tout le monde et à sa mère. Grand bien lui fasse, mais le plus difficile reste à venir.
Ceux qui s’imaginent que l’approbation des projets de pipelines de Kinder Garden et d’Enbridge par le gouvernement Trudeau signe l’arrêt de mort d’Énergie Est au Québec se réjouissent trop vite.
Il est vrai que l’objectif poursuivi par l’Alberta d’accroître ses exportations vers l’Asie et les États-Unis sera en partie atteint en triplant la capacité de la ligne Trans Mountain vers le Pacifique et en doublant celle de la Ligne 3 vers le Wisconsin. Mais compte tenu des prévisions de croissance de la production albertaine d’ici vingt ans, il faudra encore plus de tuyaux.
Or, à moins d’une acceptation rapide par l’administration Trump du projet Keystone XL bloqué par le président Obama, il faut s’attendre à ce que TransCanada maintienne la pression sur le gouvernement fédéral en faveur d’Énergie Est.
Il n’y aura pas que TransCanada pour agir ainsi : le Nouveau-Brunswick tient aussi beaucoup à ce projet, tout comme la société Irving qui contrôle à peu près tout dans cette province, des raffineries aux forêts en passant par la presse anglophone. Irving qui a obtenu des conservateurs fédéraux le plus important contrat de construction navale des dernières décennies et que l’on dit aussi proche des libéraux. Irving qui ne ménagera rien pour faire de son terminal de Saint-Jean le lieu de transbordement du million de barils de pétrole par jour venu de l’Ouest pour être exporté.
Puis il y a la communauté d’affaires québécoise, très proche aussi des libéraux, ceux de Justin Trudeau autant que de Philippe Couillard, aux côtés des syndicats de la construction dans la bataille de l’opinion en faveur d’Énergie Est.
Depuis l’annonce de ce projet de plus de plus de 4600 km, la plupart des maires des régions touchées se sont prononcés contre Énergie Est. Qu’à cela ne tienne : ceux de Vancouver et de Burnaby, en Colombie-Britannique, étaient aussi fermement opposés à Trans Mountain, qui amènera chez eux plus de 400 superpétroliers par année.
Quant aux Premières Nations, certaines ont donné leur appui en échange d’emplois et d’argent sonnant, mais la plupart s’opposent toujours au projet. Tout comme les environnementalistes, pour qui la production et l’exportation accrues de pétrole contredisent les engagements canadiens pris à Paris.
Au Québec, le gouvernement Couillard attend les résultats des consultations du BAPE et de l’Office national de l’énergie avant de se prononcer sur Énergie Est.
En Colombie-Britannique, la première ministre Christy Clark avait aussi dit qu’elle attendrait le résultat des consultations et avait exigé qu’on réponde à cinq conditions avant de donner son accord. Aujourd’hui, elle prétend que les conditions sont presque remplies en dépit du fait que personne ne voit comment.
En fait, la vérité tient plutôt à la réalité politique de cette première ministre libérale provinciale un peu contrariée, certes, mais surtout satisfaite d’être parvenue à convaincre son homologue fédéral de donner son aval à un autre projet qui lui tenait à coeur : celui du terminal de gaz liquéfié de Squamish, municipalité située à une heure de Vancouver.
2017 sera une année d’élections en Colombie-Britannique et l’opposition NPD est mal placée pour critiquer Mme Clark étant donné le fait que le futur pipeline Trans Mountain est le bébé chéri du cousin NPD d’Alberta.
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