Le Collège des médecins propose à son tour un sommet sur la santé. Parce qu’il exclura les politiciens et les milieux financiers pour laisser toute la place aux malades, au personnel du réseau et aux universitaires, le Collège croit qu’il pourra dénouer l’impasse qui menace le système de santé. L’objectif est louable, mais les attentes doivent être très modestes. L’exercice ne fournira pas de remèdes instantanés. Pas plus que le groupe de travail présidé par Claude Castonguay.
Le président du Collège des médecins, Yves Lamontagne, dit qu’il faut écouter la base pour trouver des solutions. Le personnel et les gestionnaires des établissements de santé ont sans aucun doute de très bonnes idées. Mais il serait étonnant qu’ils ne les aient pas déjà formulées sur d’autres tribunes. La Commission Clair, le comité Ménard, la commission parlementaire sur le projet de loi 33 qui a suivi l’arrêt Chaoulli ont permis d’entendre les suggestions des patients, des médecins, des infirmières et de bien des gens qui travaillent dans le réseau. Ils répéteront sûrement les mêmes au sommet de novembre.
Le président Lamontagne croit que la pénurie de personnel fournit présentement un contexte idéal pour inciter les professionnels de la santé à revoir leur façon de travailler, à déléguer des fonctions pour rendre le système plus efficace. À moins que le Dr Lamontagne n’ait concocté une potion magique, il serait étonnant que les réflexes corporatistes disparaissent du jour au lendemain.
Il a fallu des années pour faire reconnaître les sages-femmes et les infirmières cliniciennes au Québec. Il faut chaque fois des discussions interminables pour que des actes exécutés par des infirmières soient confiés à des infirmières auxiliaires. Il y a une levée de boucliers aussitôt qu’une proposition est avancée pour regrouper des activités dans un endroit plutôt que de les éparpiller dans quatre. Chaque groupe et chaque établissement protègent son fief. Cela va changer après le sommet ? On peut le souhaiter, mais il faudra être très, très patient. L’affrontement des lobbys risque de se poursuivre. D’autant plus que la pénurie donne un pouvoir de négociation accru à certains groupes.
Le Collège compte aussi sur un meilleur arrimage entre les secteurs public et privé. C’est certes une voie à explorer. Il faut toutefois savoir pourquoi nous voulons que le privé fournisse plus de soins de santé au Québec. Si nous le faisons dans un souci d’économies, nous faisons fausse route. Il n’y a pas de pays où la coexistence du privé et du public a réduit la facture pour les gouvernements. Si le ministère de la Santé appelle le privé à la rescousse pour traiter les malades, il assumera les coûts. Il peut au mieux améliorer l’accès aux soins. Un système mixte n’élimine pas non plus à jamais les listes d’attente. Il donne cependant un choix aux gens dont l’état de santé et les revenus permettent d’avoir une assurance privée.
Le manque de personnel qui sévit et qui s’accentuera dans le réseau public commande une grande prudence avant d’ouvrir davantage au privé. L’étapisme prévu à la loi 33 est logique dans le contexte actuel. Le Collège des médecins tient les politiciens à l’écart de son sommet. Ce sont pourtant eux qui dictent les orientations, modifient les lois et redistribuent les rôles. Sans volonté politique, peu de progrès pourront être réalisés. On peut bien sûr souhaiter que la gestion du système soit moins politisée, que le ministre de la Santé n’ait plus à répondre du nombre de patients à l’urgence de tel hôpital. Devant la Commission Clair, le Collège avait suggéré de confier la gestion et le financement du système de santé à une société d’État, un genre d’Hydro-Santé. C’est une idée qui mérite d’être débattue, et forcément en présence des élus.
Encore un sommet
À moins que le Dr Lamontagne n’ait concocté une potion magique, il serait étonnant que les réflexes corporatistes disparaissent du jour au lendemain
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