Les deux tiers de la croissance démographique du Canada et du Québec sont attribuables à l'immigration, révèlent les résultats du dernier recensement de Statistique Canada. Cette donne illustre bien que l'intégration des immigrants est incontournable. Comme société, il est impossible de se défiler. Il faut collectivement s'adapter à cette réalité.
Des gens, on l'a vu dans la présente campagne électorale, semblent croire que c'est un cadeau que nous faisons aux immigrants de les accueillir sur notre territoire. Les propos de l'ex-candidat adéquiste Christian Raymond sont à cet effet fort révélateurs. "Les gens viennent ici et il faudrait qu'on les laisse porter le turban et embrasser l'asphalte. Ils crevaient de faim chez eux ou ils étaient en guerre, on les laisse venir chez nous, alors il faut qu'ils respectent notre façon de vivre. S'ils ne veulent pas se conformer, qu'ils s'en retournent chez eux. Moi, je leur dis : tu n'es pas chez vous ici, tu es en visite."
Des gens comme M. Raymond oublient, ou ignorent, que le développement et la croissance du Canada et du Québec dépendent en partie de notre capacité d'attirer et de retenir ici des bras et des cerveaux.
Les populations du Canada et du Québec sont vieillissantes. Le taux de fécondité est stable à 1,5 enfant par femme depuis 10 ans. N'eût été de l'apport migratoire, la population du Canada aurait augmenté faiblement entre 2001 et 2006. Les partis politiques ont beau promettre des mesures pour soutenir la natalité, il est illusoire de penser que, du jour au lendemain, les familles nombreuses se multiplieront.
Constat : si nous voulons que nos entreprises puissent trouver la main-d'oeuvre nécessaire au maintien et à la croissance de leurs activités, si nous souhaitons que nos universités recrutent les meilleurs étudiants, professeurs et chercheurs, si nous voulons maintenir notre niveau de vie et si nous désirons continuer d'être une terre d'accueil pour les peuples opprimés, l'immigration doit être favorisée. Au Québec, l'immigration est aussi primordiale pour maintenir le poids de la province au sein du Canada.
Pour que l'accueil des immigrants se déroule bien, les gouvernements doivent prévoir des mesures d'intégration et veiller à repousser les préjugés et les craintes. Un pays devient attrayant si les gens savent qu'ils y seront traités équitablement et dignement, et qu'ils pourront y trouver de l'emploi.
Dans un contexte où nous devons compter sur l'immigration, il devient essentiel que les élus s'assurent que la cohabitation des arrivants et des Canadiens de souche sera harmonieuse et non source de division et de conflits. Les immigrants doivent se sentir chez eux dans leur nouveau pays. Ceux qui y vivent depuis leur premier souffle doivent aussi se sentir chez eux et non exclus de leur propre maison.
Sur le plan légal, le bilan du Canada et du Québec est positif. Nos chartes stipulent l'égalité des droits entre tous les citoyens et les tribunaux ont su développer un équilibre entre les droits des uns et ceux des autres. Force est d'admettre cependant qu'un malaise s'est installé. Il s'est manifesté ces derniers mois au Québec autour des accommodements que certains trouvent de plus en plus déraisonnables. Le gouvernement Charest a jugé, avec raison, qu'il fallait créer une commission de consultation sur les pratiques d'accommodements reliées aux différences culturelles.
Le portrait démographique démontre la pertinence d'un tel exercice. Il faut remettre les choses dans leur contexte. Rappeler les valeurs d'égalité qui prévalent ici. La diversité culturelle, religieuse et linguistique est incontournable. Il faut donc préciser comment elle se vivra sans que personne n'ait le sentiment de sacrifier son identité.
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