Le violeur de Montréal-Nord, qui a agressé sexuellement neuf femmes quand il était adolescent, aurait récidivé à peine trois semaines après la fin de sa peine d’incarcération de 10 ans et demi.
Funestement célèbre pour avoir été le premier mineur au Canada à être déclaré délinquant à contrôler, Wisbens Démosthène a été cité à procès cette semaine dans un nouveau dossier d’agression sexuelle, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Incarcéré de nouveau, ce prédateur sexuel a passé la quasi-totalité de sa vie adulte derrière les barreaux.
Démosthène, qui aura 30 ans dans deux semaines, a été arrêté en novembre 2006 dans le cadre du projet Capuchon, lancé par la police de Montréal pour neutraliser un agresseur sexuel en série.
Les limiers ont mis la main au collet du jeune de 17 ans grâce à une empreinte palmaire et une trace d’ADN.
Entre novembre 2005 et octobre 2006, l’adolescent a fait neuf victimes, âgées de 13 à 27 ans. Il s’agissait toujours de jeunes femmes blanches, minces et inconnues de l’agresseur.
Il traquait ses cibles dans le quadrilatère formé par les boulevards Léger, Lacordaire, Henri-Bourassa et Louis-H.-Lafontaine, ce qui lui a valu le surnom de « violeur de Montréal-Nord ».
Démosthène abordait ses victimes dans la rue avant de les amener à l’écart pour les abuser. Les agressions sont devenues de plus en plus violentes, passant d’attouchements à des tentatives de pénétration.
À la pointe du couteau
Les trois dernières victimes ont été menacées à la pointe d’un couteau.
En juin 2009, Démosthène a été condamné à une peine de détention pour adultes de 10 ans et demi.
Le juge Gaétan Zonato l’a aussi déclaré délinquant à contrôler pendant les sept années et demie suivantes.
À l’époque, des évaluations psychiatriques décrivaient le violeur comme un être narcissique, qui retirait du plaisir sexuel à dominer une femme.
Démosthène comparait son emprise sur les victimes à celle qu’il avait sur un ballon lors d’une partie de basketball.
Il n’a démontré ni remords ni empathie, et son risque de récidive était évalué à élevé, avait-on alors noté.
Risque qui n’a jamais vraiment été revu à la baisse, d’après plusieurs décisions de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).
Trois semaines plus tard
Les autorités ont d’ailleurs gardé le violeur de Montréal-Nord derrière les barreaux jusqu’à sa libération d’office en 2014. Il a ensuite été assigné à résidence dans une maison de transition des Laurentides.
Sa peine d’incarcération a pris fin le 22 juin 2017, mais Démosthène est soumis à de nombreuses conditions jusqu’en 2024.
Il doit déclarer toutes ses fréquentations et ne consommer ni drogue ni alcool.
À peine trois semaines après la fin de sa sentence, le prédateur aurait agressé sexuellement une adolescente de 16 ans, d’après le mandat d’arrestation émis contre lui par la police de Saint-Jérôme.
Les agressions alléguées auraient perduré pendant un mois et demi.
Selon nos informations, il aurait abordé la jeune femme dans l’autobus, où il aurait été question de cannabis. Démosthène aurait proposé 100 $ à l’ado pour une fellation, mais les gestes seraient allés beaucoup plus loin, a-t-on appris.
Il n’aurait finalement jamais donné l’argent promis. Le violeur est d’ailleurs aussi accusé d’avoir obtenu des services sexuels moyennant rétribution et d’avoir brisé deux conditions de sa surveillance.
Cette semaine, les parties ont demandé à la juge Maria Albanese de prévoir deux jours pour le procès, qui se tiendra en mai. Deux témoins seront convoqués par la poursuite, représentée par Me Claudia Carbonneau.
De retour en prison
La criminaliste Roucha Oshriyeh a indiqué au tribunal que son client témoignera aussi dans ce qu’elle a décrit comme une cause de « versions contradictoires ».
Dans l’intervalle, Démosthène est retourné au pénitencier. « [La Commission] est d’avis qu’aucun programme de surveillance ne peut adéquatement protéger la société contre le risque de récidive que vous présentez », lit-on dans la plus récente décision de la CLCC.
– Avec Christian Plouffe