(OTTAWA) Un acteur de taille se joint au camp des opposants à l'inversion du flux du pipeline d'Enbridge vers Montréal. Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, prend position contre le projet, arguant que le processus fédéral d'évaluation environnementale ne permet plus d'établir qu'il est sécuritaire.
«On ne peut pas dire oui à un tel projet dans les conditions actuelles, pour la bonne et simple raison qu'il n'y a plus de processus crédible», a dit le chef de l'opposition en entrevue.
M. Mulcair estime qu'il est devenu impossible d'établir les risques liés à ce projet, qui apporterait du pétrole dérivé des sables bitumineux au Québec. Il met en cause la réforme de l'évaluation environnementale prévue dans le mégaprojet de loi C-38, l'an dernier.
À ses yeux, le processus réglementaire ne peut plus établir de manière crédible si les produits chimiques qu'on mélange au bitume ont des propriétés corrosives pour les conduites, ou si la pression accrue dans les oléoducs augmente le risque de fuites.
«C'est une question qui, normalement, fait l'objet d'une évaluation environnementale, sauf qu'il n'y en a plus, résume M. Mulcair. Les gens ne peuvent plus être entendus de manière crédible.»
Il rappelle par ailleurs que le gouvernement conservateur s'est donné le pouvoir de faire fi des conclusions de l'Office national de l'énergie, qui pilote les audiences publiques sur le projet d'Enbridge.
Le chef néo-démocrate ne sait pas encore si son parti militera activement contre le projet d'inversion du flux du pipeline d'Enbridge. Il souhaite d'abord suivre la manière avec laquelle les audiences publiques de l'Office national de l'énergie sont menées.
«On va commencer à essayer de voir si des gens sont refusés, parce que le processus va exclure beaucoup de monde, dit-il. On va suivre ce qui se fait et on va déterminer, à terme, si nos craintes s'avèrent.»
Même s'il se prononce contre le projet d'Enbridge, M. Mulcair reste favorable à l'idée d'expédier du pétrole albertain vers l'Est. Cette stratégie, argue-t-il, permettrait de créer des emplois dans les raffineries canadiennes au lieu d'exporter le brut vers les États-Unis ou l'Asie.
Critiques
Depuis des mois, les conservateurs s'activent à dépeindre le NPD comme une menace pour l'économie canadienne. Ils accusent M. Mulcair de vouloir miner l'industrie pétrolière de l'Ouest, rappelant ses propos sur la «maladie hollandaise».
Cette nouvelle prise de position confirme que le NPD est opposé à l'expédition de pétrole canadien vers l'est du pays, selon le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver.
«Nous avons les moyens d'atteindre l'indépendance énergétique, a indiqué le ministre dans une déclaration écrite. M. Mulcair doit expliquer aux Canadiens pourquoi il s'oppose à un nouveau projet créateur d'emplois qui réduirait notre dépendance à des sources de pétrole étrangères instables.»
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