En Irlande du Nord, la police bat en retraite face à des jeunes voulant allumer un brasier géant

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Regain des tensions en Irlande du Nord sur fond de crise du Brexit

Des violences ont éclaté ce jeudi soir à Belfast (Irlande du Nord) entre les forces de l’ordre et des individus qui voulaient commémorer une opération de police anti-IRA survenue en 1971.



La ville de Belfast, en Irlande du Nord, a été le théâtre de nombreuses violences entre jeunes et police ce jeudi soir, 8 août, après qu’une centaine de personnes voulait allumer un brasier improvisé pour commémorer une opération de police anti-IRA vieille de 48 ans. Les forces déployées avaient pour objectif de démanteler la structure de bois, dont l’embrasement menaçait la sécurité des résidents alentour, a rapporté la BBC.


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Au total, près de 150 policiers, dont trois qui ont été blessés, ont été visés par des jets de bouteilles, de pierres et de feux d’artifices. Six cocktails Molotov ont également été retrouvés. Cette violence a poussé les forces de l’ordre présentes à battre en retraite pour protéger les «témoins de la scène», a détaillé le chef adjoint de la police nord-irlandaise Alan Todd lors d’une conférence de presse. «J’ai pris avec regret la décision de mettre un terme» à l’opération de police, a-t-il continué, «car j’ai pour obligation légale de minimiser l’usage de la force policière et de réduire les risques (d’atteinte) à la sécurité des civils». Selon lui, il était plus risqué pour les habitants de continuer l’opération policière que de l’arrêter.


 





Il a également accusé les «meneurs» d’utiliser les enfants et les femmes comme boucliers humains, rapporte The Independent , et que les jeunes impliqués dans ces violences étaient manipulés par des adultes, «probablement liés à de violents mouvements dissidents ”républicains” (en référence à l’IRA, NDLR)». Un mineur de 13 ans a été arrêté lors de l’opération. Alan Todd a promis en outre que «ceux ayant été impliqués» feront l’objet «d’actions».


 





Au départ des forces de police, les habitants du quartier ont été invités à ne pas sortir de chez eux. À la nuit tombée, le brasier a été allumé. «La grande majorité des habitants (de New Lodge, le quartier de Belfast dans lequel ont eu lieu les violences, NDLR) ont prévenu qu’elle ne voulait pas de ce grand feu», a indiqué à la BBC Gerry Kelly, membre du parti politique Sinn Féin. «(Cette structure de bois) a été construite par des personnes (aux idéologies) antisociales qui torturent ce quartier depuis des années», a-t-il continué.


 





Un grand feu pour commémorer une opération militaire anti-IRA


Traditionnellement, des grands feux sont allumés dans toute l’Irlande du Nord durant le mois de juillet pour célébrer la victoire du roi protestant Guillaume d’Orange sur son rival catholique Jacques II en 1690. Les Nord-Irlandais catholiques voient d’un mauvais oeil cette coutume annuelle.


Ce 8 août, certains habitants du quartier de New Lodge ont construit cette structure de bois non pas pour fêter cette bataille historique, mais pour commémorer l’Opération Demetrius, initiée en été 1971 par les autorités britanniques, en plein conflit nord-irlandais (1968-1998), qui opposait l’Armée républicaine irlandaise (IRA) aux forces britanniques. Pour rappel, l’IRA était majoritairement soutenue par la population catholique d’Irlande du Nord.


Plus connue sous le nom d’«internement», l’opération Demetrius visait à arrêter de nombreux membres de l’IRA, qui voulait mettre fin à l’autorité du Royaume-Uni en Irlande du Nord. L’opération Demetrius a mobilisé dès 1971 près de 2000 militaires et policiers dans l’ensemble du pays. Jusqu’en 1975, les forces de l’ordre et la justice britanniques ont arrêté puis «interné» sans procès près de 2000 personnes soupçonnés d’appartenir à des groupes paramilitaires «républicains». La manifestation du «Bloody Sunday» avait d’ailleurs été organisée à l’époque pour dénoncer cette politique d’internement.


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Malgré la fin de la guerre le 10 avril 1998, de nombreuses tensions communautaires, entre indépendantistes, majoritairement catholiques, et unionistes, majoritairement protestants, surviennent toujours en Irlande du Nord.


Le 19 avril dernier par exemple, des émeutes avaient éclaté dans la ville de Londonderry, au nord du pays, et une cinquantaine d’engins incendiaires avait été lancée contre la police. La journaliste Lyra McKee avait également été retrouvée morte, après avoir été touchée d’une balle dans la tête. La Nouvelle IRA avait reconnu sa responsabilité. En janvier dernier, une voiture, piégée par la Nouvelle IRA, avait aussi explosé devant le tribunal de Londonderry.


Enfin, à Belfast, capitale nord-irlandaise, des «murs de la paix» hauts de plusieurs mètres sont toujours érigés pour séparer quartiers catholiques et protestants et ainsi limiter le risque de violences entre les deux communautés.