Politique américaine

Elon Musk et la kétamine

Les bottines doivent suivre les babines

Tribune libre

La kétamine est un anesthésique dissociatif qui a la cote dans le domaine de la psychiatrie en raison de son fort potentiel antidépresseur. Par ailleurs, elle représente aussi une drogue consommée illégalement en situation festive pour ses effets d’apaisement, d’étourdissement, d’euphorie et de flottement De surcroît, la kétamine peut provoquer de graves conséquences pour les consommateurs qui en abusent. «Certains développent des symptômes qui incluent des troubles perceptuels, des troubles cognitifs, des troubles de mémoire et des problèmes au niveau des fonctions exécutives», affirme le psychiatre spécialisé en prévention et traitement des dépendances au CHUM, le Dr Nicolas Garel.

Or lors d'une entrevue diffusée sur les ondes du réseau CNN en 2024, Elon Musk a indiqué prendre une petite dose de kétamine une semaine sur deux afin de traiter ses symptômes dépressifs. Par ailleurs, en 2023, certains de ses proches ont toutefois signalé au Wall Street Journal qu’il en consommait aussi de façon récréative, des associés de Musk allant même jusqu’à s’inquiéter des répercussions de cette consommation sur sa capacité à gérer ses entreprises, dont Tesla et Space X.

À cet effet, lors de l’assermentation de Donald Trump le 20 janvier 2025, dans des vidéos publiés sur X et TikTok, on peut voir le milliardaire, le regard vide, aux prises avec des tics. Les images ont été tournées quelques heures avant que Musk ne fasse des saluts nazis lors de son apparition sur scène. Les spéculations sur la consommation de kétamine d’Elon Musk ont aussi semé le doute sur X après son passage à la Conférence d’action politique conservatrice, le milliardaire ayant brandi une tronçonneuse sur scène en guise d’image évoquant les coupures escomptées.

Qu’à cela ne tienne, le bras droit de Donald Trump a été sacré responsable du Department of Government Efficiency, abrégé en DOGE, chargé de «faire le ménage» dans l’appareil de l’État, l’Agence américaine pour le développement international (USAID), qui gère des milliards de dollars d’aide à travers le monde, ayant été la première victime. Enfin bref, il semble que rien ne soit impossible au royaume de Donald Trump, y compris l’omniprésence d’un olibrius pour le moins loufoque, voire explosif, à ses côtés.

Les bottines doivent suivre les babines

Depuis l’entrée en vigueur des tarifs douaniers de 25% sur les exportations du Canada par Donald Trump, le premier ministre François Legault se targue de répéter sans relâche que «rien n’est exclu» dans les mesures tarifaires qu’il pourrait imposer aux Américains, notamment sur l’électricité exportée par Hydro-Québec, dans la foulée du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui, lui, a déjà procédé en ce sens. En revanche, François Legault entrouvre plutôt une porte sur les contrats avec le Massachusetts et New York qui doivent entrer en vigueur prochainement. «Je n’exclus rien, même la possibilité dans ces contrats-là d’augmenter le prix», argue timidement le premier ministre. Par ailleurs, dans l’hypothèse où Donald Trump mettait à exécution l’imposition de tarifs de 25% sur l’aluminium à partir du 12 mars, François Legault n’exclut pas la possibilité d’imposer des «contre-tarifs» sur l’exportation d’aluminium aux États-Unis.

En bref, le premier ministre Legault «n’exclut rien» mais ne bouge pas d’un iota. Pour un ex-homme d’affaires qui qualifie l’incertitude comme la pire ennemie de l’économie, il serait peut-être temps que les bottines suivent les babines.


Henri Marineau, Québec



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