L'Ontario et le Québec veulent augmenter leurs échanges d'électricité de façon significative au cours des prochaines années, afin de répondre à leurs besoins respectifs en période de pointe.
Un rapport en ce sens commandé par le ministère de l'Énergie de l'Ontario, dont Radio-Canada a obtenu copie, sera présenté à Toronto vendredi, lors d'une rencontre spéciale qui réunira les conseils des ministres des deux provinces.
Le Québec et l'Ontario ont des atomes crochus sous-exploités. « Nous n'avons pas nos périodes de pointe en même temps, disait en octobre le ministre de l'Énergie du Québec, Pierre Arcand. On a besoin de l'Ontario pendant la période hivernale, l'Ontario a besoin du Québec en période estivale.Pic de production record
Ontario : :27 005 MW (août 2006)
Québec : 39 031 MW (janvier 2013)
Capacité inutilisée disponible
Québec (mois d'été) entre 16 000 et 20 000 MW
Ontario (mois d'hiver) entre 8 000 et 10 000 MW
(Source : Hydro Québec et Gestionnaire indépendant du réseau d'électricité de l'Ontario)
Le Québec utilise plus d'électricité l'hiver, pour le chauffage électrique des maisons. Durant cette même période, les chaumières ontariennes se chauffent surtout au gaz naturel. C'est en été que la consommation de l'Ontario augmente en flèche, quand les climatiseurs fonctionnent à plein régime.
Des solutions concrètes
Un rapport ontarien, commandé par le ministère de l'Énergie, propose maintenant des solutions concrètes pour mieux synchroniser les deux réseaux. « Si on travaille ensemble, c'est possible de réduire les coûts de l'énergie au Québec et en Ontario selon le ministre de l'Environnement de l'Ontario, Glen Murray. Ça permet également de renforcer les efforts de lutte contre les gaz à effet de serre »
Le Gestionnaire indépendant du réseau d'électricité de l'Ontario a préparé un rapport, commandé par le ministère de l'Énergie de l'Ontario. Quatre scénarios sont proposés.
Le plus ambitieux pourrait faire doubler la capacité de vente et l'achat d'électricité entre le Québec et l'Ontario (de 1800 à 3300 MW, soit l'équivalent de deux fois la production de la centrale Manic 5). Mais ce plan a un prix: Plus de 2 milliards de dollars pour construire de nouvelles lignes à haute tension et des stations de transfert et de conversion électrique du côté ontarien.
Les deux provinces s'échangent déjà des électrons chaque jour, sur le marché de gros, en temps réel. Une des idées qui circule entre les deux gouvernements serait de formaliser et de consolider ces transactions, avec des contrats d'approvisionnements garantis, pour des périodes de consommation spécifiques. « Nous examinons présentement les façons de profiter de cette complémentarité, disait le ministre Arcand, pour améliorer la stabilité de nos réseaux à faibles coûts »
Moins de nucléaire
« Les deux provinces seraient gagnantes, selon le professeur d'économie à l'Université d'Ottawa, Jean-Thomas Bernard. Pour l'Ontario, ça permettrait d'avoir des prix un peu plus faibles pour les consommateurs durant ces périodes de pointe estivales ».
Des importations accrues d'hydro-électricité aideraient également l'Ontario à diminuer sa production d'énergie nucléaire. La centrale de Pickering doit fermer ses portes pour de bon en 2020. Et la centrale de Darlington doit fermer ses réacteurs un à un d'ici 2016 pour entreprendre une remise à niveau qui durera plusieurs années.
Il y a également des avantages pour Hydro-Québec, qui veut diversifier ses marchés d'exportations, ajoute Jean-Thomas Bernard. Il note que les prix de l'électricité en Nouvelle-Angleterre et New York sont en baisse depuis quatre ou cinq ans. « Depuis l'arrivée des gaz de schistes (et aussi la récession), Hydro-Québec peine à aller chercher trois ou quatre cents le kilowattheure sur le marché américain. Si elle pouvait aller chercher cinq ou six cents sur le marché estival en Ontario, Hydro Québec serait très heureuse ».
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