Hier, j’ai examiné les chiffres sur le taux de participation aux urnes fédérales de mardi dernier qui sont disponibles sur le site d’Élections Canada. J’ai été quelque peu surpris par l’ampleur du désintérêt électoral dans cette arène fédérale qui s’est exprimé de la manière suivante sur notre territoire : 38,9% des Québecois n’ont pas été voter mardi, exactement 2 303 882 personnes qui ont préféré rester chez elles. Seulement 61,1% des votants inscrits au Québec ont exercé leur droit, soit 3 620 362 bulletins de votes recueillis par Élections Canada.
De ces 3 620 362 suffrages, 1 379 565 (38,1%) sont allés au BQ, 859 634 (23,7%) aux libéraux, 784 560 (21,7%) aux conservateurs, 441 136 (12,2%) au NPD et 126 299 (3,5%) aux Verts.
Si on compare les résultats du Québec avec ceux des autres parties du pays nommé le Canada, on peut constater que les Québecois ont participé à raison de 2% de plus que ceux de part et d’autre de leurs frontières.
Maintenant, si on se retourne un peu plus loin dans le passé et qu’on regarde le taux de participation de l’élection québécoise de mars 2007, selon le DGEQ, il y eut 4 010 196 votes exprimés, dont 40 078 bulletins rejetés. Les électeurs inscrits étaient au nombre de 5 630 567. Donc 1 580 293 (28,8%) des électeurs inscrits n’ont pas été voter, seulement 3 970 118 (71,2%) se sont prévalus de leur droit.
En comparant les taux de participation des Québécois à l’élection fédérale d’octobre 2008 et celle de l’élection québécoise de mars 2007, on peut constater que les Québécois sont un peu plus intéressés à la sphère politique québécoise. Mais un fait incontournable demeure pour toute formation politique quelle qu’elle soit, près de 30% des électeurs ne se rendent plus voter lors des élections au Québec.
Les diverses théories idéologiques pour expliquer ce phénomène de chute de participation au processus électoral sont nombreuses et varient selon la palette idéologique de la médiacratie des observateurs du fédéral et du provincial. Ce n’est pas de mon propos ou ma volonté d’en faire un inventaire complet. Ceci dit, je crois que le désintérêt des électeurs d’ici pourrait s’expliquer tout simplement de la manière suivante : c’est que les chefs des différents partis en lice sont incapables d’articuler et de faire passer un discours enthousiasmant pour mobiliser l’ensemble de l’électorat sur des thèmes qui ont une résonance tangible dans le quotidien des québécoises et des québécois.
Je reviens à l’élection de mardi. Malgré un taux d’abstention de 38,1% au Québec, Gilles Duceppe a été très habile pour dissuader certains Québécois qui auraient été séduits par les nombreux mensonges de M. Harper. M. Duceppe s’en est tenu résolument à un discours qui était un rappel constant des valeurs qui nous distinguent et la façon dont celles-ci sont heurtées de plein fouet par les politiques répressives et les nombreux traquenards de Harper : comme la fausse reconnaissance de la nation québécoise ; le faux siège à l’UNESCO ; la fausse résolution du déséquilibre fiscal. Aussi, Gilles Duceppe a bien flairé l’âme des Québécoises et des Québécois dans sa réaction aux propositions de Harper sur les jeunes contrevenants ; les coupures inexplicables de Josée Verner dans les budgets consacrés à la culture ; la tentative de censure dans le cinéma sur laquelle il a dû abdiquer ; sa politique environnementale délirante protégeant les émanations de son sable bitumineux à marde. Gilles Duceppe a su capitaliser sur tous ces aspects pendant sa campagne.
Cette élection semble avoir été très frustrante autant pour Stephen Harper que pour son collaborateur discret, Mario Dumont. Ce dernier s’en est pris aux manigances du Charest nouveau, mouture John Parisella, qui fait parader son chef comme s’il était « le » défenseur des intérêts de tous les Québécois. M. Dumont est quelque peu dépassé par les événements et par son entendement. Il croit encore les mystifications de fédéralisme d’ouverture de Harper et les autres ouvertures supposées, adressées à l’endroit de la nation québecoise par ces néocons.
M. Dumont nous exprime sa pensée très clairement maintenant dans un registre s’apparentant à merveille à celui d’Elvis Gratton : « les élections générales étaient une belle occasion pour les Québécois de récompenser le gouvernement Harper. Après les engagements qui avaient été pris en 2006 par les conservateurs, les résultats qui avaient été livrés en termes de péréquation, de reconnaissance de la nation, d’un siège à l’UNESCO, j’aurais pensé que l’élection suivante serait une occasion. »
Mario Dumont dit s’être montré beaucoup plus discret dans ses interventions que les libéraux, même, dit-il, s’il était notoire que les conservateurs avaient l’appui des adéquistes. Qu’avait-il à être discret avec les conservateurs ? Avait-il un pacte secret avec ces derniers ?
Pour revenir au taux de participation aux élections, rappelons-nous du taux de participation du référendum de 1995 qui fut autour de 90%. À ce moment précis, Jacques Parizeau avait mis la table pour la nation des descendants de la Nouvelle-France qui a voté à plus de 60% pour le pays du Québec. Dans ce contexte de référendum volé par l’argent sale d’Ottawa et le vote ethique des anglos et de leurs assimilés, c’est tout à fait faux d’avancer que les québécois ont dit non leur propre autodétermination.
Daniel Sénéchal
Montréal
Électorat en déclin
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
17 octobre 2008D’un fief du PQ, à un autre du PCC
25 000 votes de plus en moins de quatre ans (2004-2008)
Un cas comparatif afin d’élucider les interactions du Pouvoir politique centraliste d’Ottawa et la réalité du pouvoir de l’argent --celui-ci détourné par la dépendance du Québec en tant que colonie interne de ce même pouvoir, dû à la mainmise canadian(1)--, que l’on peut constater par la perversion de la trahison de ceux qui ont perdu l’âme patriotique, révélant ainsi la différence entre voter pour les mercenaires de la politique à la solde des colonisateurs ou s’abstenir pour défendre les intérêts nationaux du Québec(2).
JLP
Vive le Québec libre de caciques, de tricheurs de la politique, de traîtres et de pilleurs des ressources fiscales et naturelles
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1. Voir mon article L’argent et l’interaction stratégique du Pouvoir
2. Pour plus d’information sur cette réalité socio-destructive nationale québécoise, voir
http://www.editionbeauce.com/actualites.asp?nID=323