Le monde municipal québécois vit depuis plusieurs mois une profonde crise de moralité publique dont il ne pourra se sortir sans l’appui des citoyens. Un appui qui devra venir d’abord d’une participation élevée aux élections du 3 novembre.
Comme dans la fable Les animaux malades de la peste de Lafontaine, on peut dire des municipalités qu’elles ont toutes été frappées par cette peste qu’auront été pour elles la corruption et la collusion. Toutes n’en sont pas mortes, mais la réputation de tous les élus municipaux a été atteinte par le scandale, sans distinction. Certes, seuls quelques-uns font l’objet d’accusations criminelles, parfois spectaculaires, comme celle de gangstérisme portée contre l’ex-maire Gilles Vaillancourt. Mais tous ces maires et conseillers qui font honnêtement et généreusement leur travail, et ils sont nombreux, souffrent de la perte de confiance de leurs concitoyens.
La commission Charbonneau a permis de brosser un portrait général, exemples à l’appui, de la corruption dans le monde municipal. Elle ne pouvait évidemment passer en revue l’ensemble des municipalités. La suite de son travail appartient maintenant à l’Unité permanente anticorruption. Il reste beaucoup à faire, car, on le sait trop bien, la pratique des élections clés en main était largement répandue dans les couronnes nord et sud de Montréal. Il faut que personne ne se croie à l’abri parce que la commission Charbonneau tourne maintenant ses projecteurs ailleurs.
Le travail policier est indispensable à la purification du monde municipal qui ne sera toutefois véritablement possible que si les citoyens reprennent en main leurs propres intérêts. Dans trop de municipalités, la corruption s’est introduite dans la pomme faute de surveillance. Le cas de Laval est exemplaire. On a donné carte blanche à Gilles Vaillancourt, en qui les Lavallois avaient une confiance aveugle, sous prétexte que les services municipaux étaient bien rendus. Celui-ci a pu exercer un contrôle parfait de sa ville qu’il a transformée en une caricature de démocratie. Il a fait de ses concitoyens des victimes consentantes, ce qu’on trouve dans on ne sait combien d’autres municipalités. Pour ne pas être de ce lot, il faut s’intéresser à la vie politique municipale, ce qui commence par l’exercice de son droit de vote le 3 novembre. On verra si la leçon a été comprise.
La politique municipale intéresse peu les citoyens a priori. Vrai, il n’y a rien de glamour à s’occuper de bouts de trottoirs et de tuyaux d’aqueducs et d’égouts. Pourtant, il y a plus que cela. La ville, quelle que soit sa taille, est un milieu de vie. Un conseil municipal s’occupe aussi de culture, d’urbanisme, de développement économique, de problèmes sociaux, toutes choses qui affectent la vie de tous sans exception. Le fait de faire confiance aveugle aux élus a souvent pour effet de donner naissance à de petits potentats qui, comme à Laval ou Mascouche, confondront un jour le bien commun avec le leur.
Un des effets de la crise actuelle est la détestation des partis politiques que trop vite on rend responsable de tous les maux. Il est vrai que le PRO des Lavallois, Union Montréal et d’autres, même dans des petites municipalités, ont servi de véhicule à un financement illégal, mais cela ne devrait pas nous conduire à jeter le bébé avec l’eau du bain. La mode est à la coalition, tout particulièrement à Montréal. Étant par définition informe, celle-ci laisse à son chef tout le pouvoir. Cela peut aller dans les petites municipalités, mais pas dans les plus grandes où les partis ont un effet structurant dans la vie politique. Ils sont porteurs d’une vision et sont un lieu de participation citoyenne. On ne peut s’en passer sans risquer d’éloigner les citoyens de la vie politique municipale plutôt que de les en rapprocher.
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