Les libéraux à Ottawa tentaient mardi matin de tirer des leçons de leur cuisante défaite à l'élection partielle de lundi dans un comté de Colombie-Britannique.
Le candidat élu, Paul Manly, ira rejoindre Elizabeth May et ils seront dorénavant deux députés verts aux Communes. M. Manly a récolté presque 38 % des voix.
Les libéraux, eux, n'ont obtenu que 11 % du vote, loin derrière les conservateurs - à 25 % - et les néo-démocrates - à 23 %.
À son arrivée au bureau sur la colline parlementaire mardi matin, le premier ministre Justin Trudeau a dit y voir la preuve que les Canadiens sont « préoccupés par les changements climatiques ».
« C'est un message clair que les Canadiens veulent de l'action sur les changements climatiques », a-t-il dit après avoir vanté sa décision d'imposer une taxe sur le carbone aux provinces qui n'ont pas mis en place un plan de lutte aux changements climatiques.
Puis, il a laissé entendre que les Canadiens, en octobre, n'auront à choisir qu'entre un gouvernement libéral ou un gouvernement conservateur.
« Évidemment, on va travailler encore plus fort dans les mois à venir pour s'assurer que les Canadiens choisissent un gouvernement qui va pouvoir lutter contre les changements climatiques et pas juste un parti », a-t-il glissé.
Il a quitté le point de presse alors que les journalistes lui demandaient quel effet sa décision d'acheter un pipeline a pu avoir sur le vote de lundi.
L'an dernier, le gouvernement Trudeau a payé 4,5 milliards pour le pipeline Trans Mountain, assurant ainsi un avenir au projet délaissé par la compagnie Kinder Morgan. Le ministre fédéral des Ressources naturelles Amarjeet Sohi rappelait encore mardi matin qu'une décision finale sur ce projet serait prise par le gouvernement avant le 18 juin.
Or, le gouvernement de Colombie-Britannique, minoritaire néo-démocrate appuyé par un petit contingent de députés verts, s'oppose à l'expansion de Trans Mountain.
La ministre fédérale Joyce Murray, une élue de Colombie-Britannique, n'a pas voulu non plus juger de l'impact du pipeline sur l'humeur des électeurs de sa province.
« Je n'ai pas examiné les détails. Mais je sais que la plupart des électeurs de Colombie-Britannique estiment que c'est important [de s'occuper] des enjeux économiques ainsi que des enjeux environnementaux. Et c'est ce qu'on fait », a-t-elle estimé.
Son collègue québécois Jean-Yves Duclos a insisté sur l'importance de la « transition économique et environnementale », tout en admettant que ses électeurs lui parlent beaucoup d'environnement, « les jeunes encore davantage ».
Le ministre Pablo Rodriguez qui a plusieurs campagnes électorales derrière la cravate a voulu, lui aussi, y voir un message sur l'importance que les électeurs accordent aux changements climatiques. « C'est un message à tout le monde, à l'ensemble des partis, et les conservateurs devraient le noter aussi », a-t-il averti.
« Le message, pour moi, c'est que l'environnement va être un enjeu primordial pour les prochaines élections », a repris, en écho, son collègue Marc Garneau.
« On est quand même le premier gouvernement à avoir mis un prix sur la pollution de notre histoire, et c'est une décision qui a été très courageuse », a tenu à rappeler la ministre Mélanie Joly venue rejoindre ses collègues au bureau de M. Trudeau pour la réunion du cabinet du mardi matin.
Certains se sont également consolés du fait que le siège de Nanaimo-Ladysmith n'appartenait pas aux libéraux, rappelant que les élections complémentaires sont toujours dures sur les gouvernements en place.