Si on se fie à la nouvelle politique gouvernementale pour l'égalité entre les hommes et les femmes, présentée par la ministre Carole Théberge, il ne devrait plus y avoir d'hésitation lorsqu'un individu exige des accommodements déraisonnables pour des motifs religieux.
À un homme hassidique qui refuserait d'être traité par une infirmière aux bras dénudés, à un musulman qui exigerait que sa femme soit accouchée par un gynécologue de sexe féminin, ou à des musulmanes qui ne supporteraient pas la vue d'un homme dans leurs cours prénataux, on brandira désormais le document pondu par le ministère de la Condition féminine. À la page 41, on peut y lire que "l'État est laïque et la séparation des sphères politique et religieuse est une valeur fondamentale de la société québécoise".
On y précise également que le gouvernement du Québec doit s'assurer de faire la promotion des valeurs énoncées dans la Charte comme le droit à l'égalité et l'interdiction de discrimination sous toutes ses formes auprès des personnes immigrantes récentes ET des Québécois dans leur ensemble.
La question est de savoir si la politique de Mme Théberge aura priorité sur les décisions et les activités des autres ministères de son gouvernement? L'absence du premier ministre Jean Charest à la conférence de presse de dimanche laisse songeur. Sa présence aux côtés de la ministre de la Condition féminine aurait envoyé un signal clair quant à sa volonté de mettre de l'avant ces fameuses valeurs égalitaires. L'absence des ministres de l'Éducation, Jean-Marc Fournier, et de la Santé, Philippe Couillard, est tout aussi impardonnable. Leurs ministères respectifs sont confrontés quotidiennement aux conséquences de la diversité culturelle et de la difficile conjugaison de l'égalité des sexes. Leur présence aux côtés de leur collègue aurait pesé dans la balance, du moins symboliquement.
Le document "Pour que l'égalité de droit devienne une égalité de fait" précède la publication d'au moins trois avis importants sur la question des accommodements raisonnables prévus pour 2007. II y a d'abord le comité mis sur pied par le ministre de l'Éducation et présidé par M. Bergman Fleury qui doit proposer des pistes de solution à propos de l'intégration des minorités religieuses dans les écoles. Il y a ensuite la réflexion entreprise par la Commission des droits de la personne sur la place de la religion dans l'espace public au Québec. L'organisme doit faire part de ses observations au cours des prochains mois. Enfin la ministre Théberge a demandé un avis sur cette même question au Conseil du statut de la femme, qui devrait rendre publiques ses conclusions au printemps prochain. Ce sera là le véritable test de cette politique on ne peut plus vertueuse.
Imaginons un instant que les experts du comité Fleury concluent que l'école québécoise doit faire preuve d'une plus grande ouverture aux accommodements raisonnables comme le port du voile, par exemple. La ministre et sa politique réussiront-elles à s'imposer? Ou découvrirons-nous que ce document n'était qu'un recueil de bons sentiments pour mieux faire passer la dinde de Noël?
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