Duceppe veut sauver le Bloc

L’ancien chef saute de nouveau dans l’arène pour assurer la pérennité de la formation politique

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Relancer le Bloc et remplacer les muets du NPD







Gilles Duceppe jure que ce n’est ni par vengeance ni par intérêt personnel qu’il reprendra la tête du Bloc québécois, mais bien uniquement pour en assurer la survie, a-t-il confié dans un entretien accordé au Journal hier.


C’est après que le chef actuel Mario Beaulieu l’eut invité à dîner la semaine dernière que Gilles Duceppe a pris sa décision.


«Mario m’a dit: “Je travaille fort, mais ça ne lève pas avec moi. Ça irait beaucoup mieux si c’était toi. Je t’offre ma chefferie et mon comté”», raconte M. Duceppe.


«Il m’a dit qu’il avait fait tout ce qu’il avait pu, mais qu’il n’y arriverait pas. Il m’a dit qu’au-delà de tout ça, il fallait que le parti demeure.»


Bien que très critique envers Mario Beaulieu lors de la dernière course à la chefferie du parti (voir autre texte), Gilles Duceppe affirme avoir fait la paix avec ce dernier depuis.


«Je n’y vais pas par revanche ou par intérêt personnel. Ce qui m’a convaincu, c’est le fait que ça serait mauvais pour le Bloc si je n’y allais pas. Que si j’y allais, le Bloc pourrait aller mieux», lance-t-il.


L’homme de 67 ans a même consulté son médecin pour s’assurer qu’il était assez en forme pour reprendre les rênes du parti pour un «long moment».


L’appui de PKP


M. Duceppe affirme avoir rendu sa décision finale samedi dernier, après avoir consulté sa famille et le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau.


Celui qui a dirigé le Bloc de 1997 à 2011 ne s’en cache pas: l’appui du PQ était une condition essentielle pour qu’il saute à nouveau dans l’arène politique.


«Je voulais m’assurer que Pierre Karl embarque, que je pourrais compter sur l’appui indéfectible du PQ pendant la campagne électorale. Il m’a dit oui et il était très content», raconte M. Duceppe.


Pas le choix


L’autre motivation de M. Duceppe serait la «réunion des conditions gagnantes» pour l’accession à la souveraineté, qu’il associe à l’entrée en politique de Pierre Karl Péladeau.


«Les conditions sont là pour faire un pays. La personne qui dirige le PQ en a fait un objectif clair. Le Bloc peut contribuer à cet objectif», assure Gilles Duceppe.


En 2011, M. Duceppe avait quitté la vie politique après que la vague orange du NPD eut balayé le Québec.


Aujourd’hui, il affirme ne pas craindre que cela se répète lors des élections prévues en octobre prochain.


«Si je fonce, c’est qu’il n’y en aura pas de vague orange. Si je ne pensais pas être capable, je n’irais pas. Mais ce n’est jamais gagné d’avance.»


Pour le moment, M. Duceppe ne sait pas dans quelle circonscription il se présentera, puisqu’il a refusé celle acquise par Mario Beaulieu. Ce dernier demeurera président du parti.


Les détails entourant la passation des pouvoirs demeurent vagues pour le moment. Selon M. Duceppe, elle pourrait s’effectuer en conseil général du parti. Une conférence de presse de M. Beaulieu et de M. Duceppe se tiendra aujourd’hui à 10 h 30 à la permanence du parti.






Ce que Gilles Duceppe a dit...


Au sujet de son âge (67 ans)


«Hillary Clinton a le même âge que moi et convoite un poste beaucoup plus important que le mien: la présidence des États-Unis. Je suis assez en forme pour être chef. J’ai fait 5000 km de vélo l’an dernier.»


Sur le Nouveau parti démocratique (NPD)


«Je pense que les Québécois se sont rendu compte que leurs intérêts étaient mal défendus [par les députés du NPD]. Le NPD n’a pas fait grand-chose pour le Québec.»


À propos des conservateurs de Stephen Harper


«M. Harper est pas mal plus différent au pouvoir que quand il était dans l’opposition. Avant, il était capable de faire des compromis. Je pense que personne ne pensait que le PC serait élu majoritaire à la dernière élection.»


À propos de ses adversaires sur la scène fédérale


«On n’entend plus la voix des Québécois à Ottawa. Moi, j’ai envie de leur dire ceci. On va faire la job au Québec. Que les libéraux et le NPD fassent la leur dans le reste du Canada.»


Sur l’échec du Bloc québécois face au NPD lors de l’élection de 2011


«Cet échec est assumé. Je ne retourne pas en politique pour ça. J’étais capable de vivre avec ça sans la politique.»






Beaulieu semblait «serein»






Mario Beaulieu était «serein» et «convaincu» de faire la bonne chose lorsqu’il a abordé Gilles Duceppe pour lui offrir son poste, affirme ce dernier.


«Ça m’a étonné. Mais il était certain que c’était la meilleure décision», révèle M. Duceppe.


Les relations entre M. Beaulieu et Gilles Duceppe n’ont toutefois pas toujours été aussi cordiales.


Lors de son entrée en poste en juin 2014, Mario Beaulieu avait promis de faire de la souveraineté sa priorité.


«Le temps de l’attente et du défaitisme est terminé», avait-il lancé, s’attirant ainsi les foudres de Gilles Duceppe.


M. Beaulieu avait dû par la suite se défendre d’avoir tenté de dénigrer le travail de l’ancien chef.


Après avoir demandé et obtenu des éclaircissements de M. Beaulieu, Gilles Duceppe lui avait finalement donné son appui.


Un parcours difficile


Le «travaillant dévoué», comme le surnomme Gilles Duceppe, n’a pas eu un parcours aisé depuis qu’il est devenu chef du parti.


Mario Beaulieu a perdu deux députés et seul Louis Plamondon compte maintenant se représenter en 2015.


Il a également vu la pertinence de son parti être remise en question par l’ex-chef Lucien Bouchard, dans le cadre du documentaire Nation, huis clos avec Lucien Bouchard.


Aussi, selon un sondage de la firme Nanos publié à la mi-mai, la formation souverainiste récolterait à peine 15 % des intentions de vote au Québec.


«Le défi va être de relever ça et je crois en être capable. C’est ce que je veux faire», affirme à ce propos Gilles Duceppe.


 




 



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