Détruire le mythe du fardeau fiscal du Québec

le fardeau fiscal des Québécois n'est pas plus lourd qu'ailleurs, quand on prend le temps de tout mettre dans la balance.

Élection Québec - 8 décembre 2008


Comme Barack Obama entend mettre en place des mesures pour réduire les inégalités aux États-Unis, chez nous, des fiscalistes viennent de publier une étude qui nous apprend que les familles québécoises sont les plus choyées au Canada et parmi quantité de pays développés du monde.

Luc Godbout s'intéresse aux questions de finances publiques depuis plusieurs années. Son objectif est de dresser un portrait qu'il souhaite juste et complet des réalités fiscales du Québec.

Avec sa collègue Suzie St-Cerny, appuyé par les commentaires et observations de quelques spécialistes des questions financières, économiques et sociales, Luc Godbout a tenu à prouver ce qu'il explique déjà depuis quelque temps à ses étudiants: le fardeau fiscal des Québécois n'est pas plus lourd qu'ailleurs, quand on prend le temps de tout mettre dans la balance.

Les charges fiscales ne sont pas qu'affaire d'impôts. Le travail de rigueur de Luc Godbout à ce propos devrait d'ailleurs servir de modèle à tous ceux qui prétendent avoir prouvé que le Québec décourage le travail et l'investissement.

En fait, ce que Luc Godbout et Suzie St-Cerny sont parvenus à démontrer, c'est que c'est au Québec que la famille moyenne a le revenu disponible le plus élevé au Canada. C'est au Québec que les coûts de garde sont les plus faibles au pays, parmi les membres du G7 et chez une sélection de pays nordiques.

« C'est au Québec que la proportion du revenu disponible consacrée au paiement des impôts et des cotisations sociales net des prestations tout en tenant compte des frais de garde est la moins élevée. » C'est le cas pour les familles à deux parents comme pour les familles monoparentales.

Ainsi, les auteurs font la démonstration qu'une famille pauvre, avec deux enfants, dont les revenus ne sont que de 25 000 $, peut compter sur un revenu disponible annuel d'environ... 38 000 $ après impôts, cotisations sociales et prestations. Pour une famille, dont le revenu atteint 50 000 $, le revenu disponible en bout d'année est de 48 000 $ approximativement. Deux personnes gagnant 75 000 $, toujours avec deux enfants, ont un revenu disponible de 61 000 $ environ.

Luc Godbout et Suzie St-Cerny sont d'avis que le gouvernement du Québec est parvenu à lever un obstacle important à l'emploi en favorisant ainsi fiscalement les familles. Ces mesures, selon leur analyse, favorisent le maintien ou le retour des parents sur le marché du travail.

Ils croient que ce genre de politique est nécessaire dans une société qui manquera de travailleurs dans les prochaines décennies, en raison d'un important vieillissement de la population.

« Comme plusieurs se plaignent de la lourde charge fiscale du Québec, écrivent les auteurs, d'aucuns auraient osé affirmer que le revenu disponible des familles serait plus élevé au Québec qu'ailleurs. [...] À force de répéter que le fardeau fiscal est plus élevé au Québec qu'ailleurs, les contribuables québécois en sont venus à se sentir fiscalement étouffés. La charge fiscale n'est pas plus élevée ici qu'ailleurs. »

Les familles et les élections

Le premier ministre Jean Charest affirme que ce sont les questions économiques qui l'ont poussé à déclencher une élection. Cette étude devrait donc servir de base à une discussion intelligente sur la situation financière des Québécois en ces temps difficiles.

Le Parti québécois propose un projet ambitieux: « Un enfant, une place ». Le Parti libéral promet 33 000 nouvelles places en garderie.

Jean Charest promet aussi de ne pas augmenter les frais de garderie, promesse qui avait été faite également en 2003 et qui n'avait pas été respectée. Jean Charest a augmenté les tarifs des garderies subventionnées de 5 $ à 7 $.

Québec solidaire promet 38 000 places supplémentaires dans les garderies à 7 $. L'ADQ ne prévoit pas de nouvelles places et mise sur des allocations.

Le programme des garderies à 7 $ est un succès du Québec, mais certains diront que ce soutien financier accordé aux familles est beaucoup trop élevé. Le débat est ouvert.


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