(Nous vous présentons aujourd'hui le premier de deux éditoriaux sur la pénurie de médecins et d'infirmières qui mine le système de santé québécois.)
L'encombrement des urgences, les délais excessifs pour les examens et les chirurgies, la fermeture de lits dans les hôpitaux (jusqu'aux soins intensifs!), l'impossibilité de trouver un médecin de famille, l'épuisement du personnel: la grande majorité des problèmes qui affectent le système de santé québécois trouvent leur origine dans la pénurie de médecins et d'infirmières. S'il y a beaucoup de points de friction entre le ministère de la Santé et les membres de ces professions médicales, tout ce monde s'entend au moins là-dessus: le Québec manque cruellement de professionnels de la santé. Les évaluations divergent, mais en gros, on estime cette pénurie à 800 omnipraticiens, 1000 spécialistes et 1500 infirmières.
On a beaucoup parlé des retraites anticipées et des baisses du nombre d'étudiants décidées par les précédents gouvernements; c'est de l'histoire ancienne. Depuis, on a ouvert toutes grandes les portes des classes de sciences infirmières et de médecine. L'effet a commencé à se faire sentir: il y a aujourd'hui 2700 infirmières de plus au travail qu'il y a cinq ans. La formation étant plus longue en médecine, l'impact de l'augmentation du nombre d'étudiants est venu plus tard mais il se produit maintenant: 500 médecins de plus cette année qu'en 2004.
La pénurie d'infirmières et de médecins serait-elle bientôt chose du passé? Malheureusement, non. La convergence de divers facteurs fait que la situation restera difficile au cours des prochaines années. Parmi ces facteurs, on compte en particulier le vieillissement de la population et l'augmentation de la demande qui en résulte, le fait que beaucoup de médecins et d'infirmières arrivent eux-mêmes à l'âge de la retraite et la féminisation de la profession médicale (avec ce que cela apporte de congés de maternité et d'exigences de conciliation travail-famille). Selon les plus récentes prévisions, la pénurie d'infirmières passera de 1500 qu'elle est aujourd'hui à 20 000 en 2020!
Par conséquent, à moins d'un miracle, les salles d'urgence seront toujours bondées, les délais pour certains traitements continueront d'être excessifs, et le personnel sera constamment à bout de souffle. Devrait-on augmenter encore les admissions dans les écoles de soins infirmiers et de médecine? Impossible. Les facultés de médecine sont pleines à craquer, le bassin de candidates aptes à entreprendre des études en soins infirmiers a été gratté jusqu'au fond.
C'est pourquoi le ministère de la Santé et ses partenaires se sont tournés vers des solutions plus complexes. En particulier, on a entrepris de réorganiser le travail dans les établissements et de revoir le partage des tâches entre les différents acteurs: médecins, infirmières, infirmières auxiliaires, préposés aux bénéficiaires... Malgré ces efforts, sur le terrain c'est toujours le chaos. Les problèmes causés par la pénurie semblent résister à tous les traitements.
Dans chaque hôpital, des dizaines de postes d'infirmières sont affichés sans jamais trouver preneur. Ces postes (nuits, fins de semaine, urgence, soins intensifs) sont boudés par les infirmières plus expérimentées, qui veulent un horaire plus traditionnel et un environnement moins stressant. Quant aux plus jeunes, elles préfèrent travailler à temps partiel ou comme occasionnelles que de prendre un poste à temps plein où les conditions de travail sont au mieux pénibles. Ce problème engendre de multiples trous dans les horaires, d'où des exigences insensées de temps supplémentaire.
Du côté des médecins, un signe inquiétant: des dizaines de postes de résidents n'ont pas été comblés cette année, du jamais vu. De précieux étudiants en médecine ont décidé de poursuivre leur formation dans une autre province ou aux États-Unis. S'il s'agissait du début d'une tendance et que tous ces jeunes médecins s'installent hors du Québec, l'effet sur l'accessibilité aux soins au cours des prochaines années serait catastrophique.
Que faire? Deux voies s'ouvrent à ceux qui gèrent et oeuvrent dans le système de santé. Continuer de miser sur les réorganisations et sur des mesures ponctuelles tout en priant pour que les soignants tiennent bon. Ou encore donner un grand coup. C'est cette deuxième voie que nous explorerons demain.
DEMAIN: La grande séduction
apratte@lapresse.ca
Des pénuries résistantes
Commission Castonguay
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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