Les opposants à l'institution d'une journée nationale contre l'islamophobie s'accumulent au Québec, même chez les musulmans. Nadia El-Mabrouk, membre de l'organisme Pour les droits des femmes du Québec et de l'Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité, s'est insurgée sur sa page Facebook contre cette initiative, qui, dit-elle « ne peut que participer à envenimer le climat social. »
Mme El-Mabrouk n'a rien contre l'idée de commémorer le massacre de la mosquée de Québec, mais « récupérer cet événement pour réclamer une journée contre l’islamophobie sous-entend que l’action individuelle du meurtrier serait basée sur un climat d’islamophobie qui règnerait au Québec », a-t-elle écrit, ajoutant qu'appuyer cette thèse « ne peut qu’alimenter la spirale d’accusations gratuites contre les Québécois. »
Pour Mme El-Mabrouk, ceux qui réclament l'institution d'une journée contre l'islamophobie forment « un groupuscule qui ne représente pas les musulmans du Québec, et dont les intervenants, curieusement, restent silencieux quand des meurtres sont commis au nom de l'islam. » La notion d'islamophobie, écrit-elle, ne sert qu'à « camper les musulmans dans une posture de victimes qui ne fait que ralentir le combat contre l’islamisme. » Elle poursuit en écrivant que les gouvernements devraient plutôt interdire le port du niqab, une « pratique rétrograde sectaire », prêter une oreille attentive aux citoyens qui réclament la laïcité et cesser de minimiser les effets de la montée de l'intégrisme islamique.
Un autre musulman, Nacer Irid, a écrit – également sur Facebook – que la journée contre l'islamophobie était « la dernière imposture des islamistes ». Pour M. Irid, l'hostilité de certains à l'égard des musulmans « est exacerbée par la montée en puissance de l’intégrisme musulman et de ses crimes ». « A-t-on instauré en Égypte une journée contre la christianophobie, alors que cette population qui subit la furie des islamistes est poussée vers l’exil ? », demande-t-il dans son billet Facebook. Il ajoute que « les islamistes ne tolèrent aucune voix discordante » lorsqu'ils sont au pouvoir alors « que dans les pays où ils sont minoritaires comme en Occident, ils sont mielleux, flagorneurs et en appellent hypocritement aux droits de l'homme. »