Plusieurs régions du Québec, dont celle de la Capitale-Nationale, sont le théâtre de manifestations et de piquets grève, alors que les employés de l’État regroupés dans le Front commun participent jeudi et vendredi à un nouvel épisode de grèves rotatives.
«Qu’ils cessent leurs moyens de pression et qu’à la place ils travaillent aux tables.»
En ces deux nouvelles journées de grève, les organismes gouvernementaux et les écoles sont fermés dans de nombreuses régions: Bas-Saint-Laurent, Capitale-Nationale, Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches, Côte-Nord, Estrie, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Mauricie et Montérégie.
Les fonctionnaires, les ouvriers de la fonction publique du Québec et le personnel de l’Agence du revenu du Québec sont aussi sur les piquets de grève.
Des milliers de manifestants à Sainte-Foy
Quelques milliers de syndiqués en grève du réseau de l'éducation, principalement du Syndicat de l’enseignement de la région de Québec (SERQ-CSQ), ont pris d’assaut le chemin des Quatre-Bourgeois jeudi matin.
Enseignants, personnel de soutien et professionnels de la grande région de la Capitale-Nationale – de Charlevoix à Portneuf – se sont rendus jusqu’aux bureaux de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ). Dans une ambiance festive, musique et trompettes raisonnant dans les rues de Sainte-Foy, les grévistes ont encerclé la bâtisse de la FCSQ.
«On veut leur passer un message clair [à la FCSQ] qu'on est très sérieux, affirme Denis Simard, le président du SERQ. Ça fait des mois qu'on négocie et jusqu'à présent, y’a aucun mandat qui est donné aux tables. Vous savez, on a le gouvernement évidemment comme employeur, mais aussi la Fédération des commissions scolaires. On veut leur dire : “Donnez des mandats clairs à vos porte-paroles aux tables sectoriels, pis on va avancer. [...] Ils nous disent que pour eux l'éducation c'est une priorité; qu'ils arrêtent de nous le dire pis qu'ils nous le démontrent à la table de négociation», clame-t-il.
«[Les dernières offres du gouvernement] sont inacceptables, a pour sa part soutenu Guillaume Larouche, enseignant en adaptation scolaire au secondaire. On ne parle pas d’augmentations, on ne parle même pas de rattrapage. Si on se compare avec les autres provinces, on est en queue de peloton. Je suis ici pour donner du service aux jeunes surtout, et aussi essayer de réduire les ratios.»
Dans la Vieille-Capitale, une grande manifestation était prévue au parc de la Francophonie à 11h45.
Une manifestation s’est aussi déroulée au Centre de détention de Québec, ce qui a eu un impact important sur la circulation automobile dans le secteur.
Manifestations à Sept-Îles, chaîne humaine à Gaspé
«Aujourd’hui, il y avait 15 000 enseignants et personnel de soutien à Québec et j’ai décidé de venir à Sept-Îles pour démontrer que partout au Québec, même dans nos régions, nous avons besoin d’aide, de soutien de professionnels, pour nous appuyer comme enseignants au quotidien», a dit au Journal Josée Scalabrini, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), devant une école primaire de Sept-Îles.
Les syndiqués de la Côte-Nord sont en grève, mais ont gagné une de leur cause la semaine dernière.
«Les gens de Sept-Îles sont des gens combatifs, on vient de le voir avec le 8% qu’on a réussi à gagner. Ils se sont mis ensemble pour se battre et ils l’ont eu», a souligné Mme Scalabrini. Selon les syndicats, le retrait de cette prime de rétention pour les fonctionnaires de Sept-Îles et Port-Cartier aurait entraîné la perte de 10M$ dans la région.
Par ailleurs, à Gaspé, quelque 200 personnes ont formé une chaîne humaine et déambulé dans les rues du centre-ville sur l’heure du dîner. Outre les demandes relativement au renouvellement de la convention collective, la survie de la Gaspésie préoccupe les syndiqués et citoyens.
« On est ici pour toutes les mesures que notre gouvernement fait à notre région en général, pas seulement en éducation. Toute l’austérité et la pression que l’on a actuellement, c’est assez aberrant», souligne Jeffrey Samuel-Bond, professeur au Cégep de la Gaspésie et des Îles.
Aux syndicats de faire leur bout de chemin, dit Coiteux
«La balle est dans le camp des syndicats, a pour sa part déclaré le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. Il est temps qu'ils redescendent des hauteurs de leurs demandes qui nous coûteraient 10,7 milliards de dollars récurrents, il va falloir qu'ils bougent», a-t-il soutenu.
Rappelons que plus de 400 000 employés de l’État de différentes affiliations syndicales sont représentés par le Front commun pour les présentes négociations avec le gouvernement.
Malgré des mois de négociations entre Québec et ses employés, aucune entente n’est conclue. Les nouvelles offres gouvernementales déposées vendredi dernier n’ont pas satisfait les syndiqués.
«C'est quatre trente sous pour une piastre», avait alors dénoncé le Front commun syndical formé par la CSN, la FTQ et le SISP.
Deuxième série de grèves
Il s’agit du deuxième épisode de grèves rotatives. Durant la dernière semaine du mois d’octobre, les syndiqués de chaque région ont débrayé à tour de rôle pendant une journée.
Lundi et mardi, les employés de l’État de l’Outaouais, de l’Abitibi-Témiscamingue, des Laurentides, de Lanaudière, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du Nord-du-Québec ne se sont pas présentés au travail. Mercredi, aucun débrayage n’a eu lieu, mais des infirmiers et des infirmières se sont enchaînés à la porte de l’édifice où se trouve la résidence officielle de Philippe Couillard à Québec.
Les syndiqués des régions de Montréal et Laval, avec les employés de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, seront en grève les 16 et 17 novembre.
S’il n’y a pas d’entente entre le gouvernement et ses syndiqués, une grève nationale de trois jours est planifiée les 1er, 2 et 3 décembre.
- Avec la collaboration de Emy-Jane Déry, Nelson Sergerie et de l’Agence QMI
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