(Photothèque Le Soleil)
Il y a quelques mois, nous étions tous étonnés d'apprendre que quelque 80 postes de résidence étaient demeurés vacants dans nos quatre facultés de médecine, au profit, entre autres, des autres provinces canadiennes et des États-Unis. Dans un contexte de pénurie de médecins, cette nouvelle inquiétait d'autant plus que les médecins qui compléteront leur formation postdoctorale à l'extérieur du Québec risquent de ne plus y revenir. Nous avons donc perdu plus que des médecins en formation, nous avons probablement perdu de futurs effectifs médicaux.
Lorsque la nouvelle a été rendue publique, les diplômés en médecine à l'extérieur du Canada et des États-Unis (DHCEU), qui n'avaient pu obtenir une place en résidence, ont demandé à être intégrés immédiatement en formation postdoctorale pour combler ces postes. Les médias se sont emparés de l'affaire et les réactions ont fusé de toutes parts : «On manque de médecins, a-t-on soulevé, pourquoi ne pas prendre ceux qui sont ici et qui sont prêts à entreprendre leur résidence?» Malgré les pressions, les facultés de médecine ont maintenu leur position et opposé un refus catégorique à une telle mesure.
Pourquoi ce refus? Il faut se rappeler que ces candidats à la résidence, bien qu'ils aient obtenu une équivalence en ce qui a trait à la formation médicale, n'ont pas reçu une formation identique à celle qui est dispensée au Québec. La formation québécoise répond à des standards de qualité nord-américains, établis par nos facultés et les collèges de médecins québécois et canadiens. La façon d'exercer la médecine, le contact avec les patients, l'expérience clinique et la médication qui sont privilégiées pendant la formation pré-doctorale, afin de préparer la relève médicale à la résidence, diffèrent d'un pays à l'autre.
Or, année après année, les DHCEU qui entreprennent une formation postdoctorale au Québec doivent apprivoiser, en un temps record, la culture médicale québécoise. En plus d'être soumis à une pression inhumaine liée à un système de santé surchargé, ils doivent performer, sans préparation aucune, en concurrence avec leurs collègues qui ont obtenu un diplôme de médecine au Québec et qui maîtrisent beaucoup mieux les rouages de notre système de santé. Cela crée un déséquilibre qui est au désavantage des DHCEU.
C'est pour cette raison et pour se familiariser avec notre système de santé que les médecins que nous accueillons doivent pouvoir bénéficier d'une période d'intégration et cette intégration ne peut être harmonieuse que si le Québec met en place une véritable politique à cet égard.
Depuis quelques années, le gouvernement du Québec a ouvert encore plus grandes les portes aux personnes désireuses de poursuivre une formation postdoctorale au Québec pour combler en partie la pénurie de médecins dont le Québec souffre, tant en médecine familiale que dans les spécialités médicales, chirurgicales et de laboratoire. Mais il ne s'agit pas seulement d'ouvrir les portes, nous devons aussi nous impliquer pour permettre à ces médecins de réussir. La mise en place d'un stage d'immersion de un à six mois, avant l'entrée en résidence, faciliterait cette intégration et permettrait aux DHCEU de donner leur pleine mesure. Allons au-delà de l'accommodement raisonnable et donnons à la relève en provenance d'autres pays une chance égale de réussir. Nous y gagnerons tous!
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Docteur Martin Bernier
Président
Fédération des médecins résidents du Québec
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