Des juristes d’ici aident Ottawa contre le Québec

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Frédéric Bastien s’attaque au tiers monde juridique canadien

Le mois dernier dans Le Devoir, la présidente de l’Association du Barreau canadien section Québec (ABC-Québec), Martine Burelle, s’en est pris au travail d’examen des juges auquel je me livre depuis longtemps. Au lieu de se demander si notre système de justice est injuste pour le Québec, Mme Burelle défend le régime.


Juge et partie


Prenons l’exemple de Nicole Duval-Hesler, qu’ABC-Québec a défendue. J’avais porté plainte contre la juge en chef de la Cour d’appel du Québec. En 2019, ce tribunal devait décider de suspendre ou non la loi 21. Or Duval-Hesler était membre de l’association Lord Reading. Celle-ci contestait la Loi sur la laïcité de l’État en cour et l’intéressée aurait dû se récuser. Non seulement elle ne l’a pas fait, mais elle devait donner une conférence lors d’un événement de financement de la Lord Reading, activité qui a été annulée suite à ma plainte.


Évidemment cette situation ne posait aucun problème pour le Barreau canadien section Québec, qui milite aussi contre la laïcité. L’organisme dénonce l’utilisation de la clause dérogatoire qui protège partiellement la loi 21 d’une invalidation par les juges fédéraux. Pour les juristes d’ABC-Québec, des Québécois, il est abominable que les élus de leur nation empêchent les magistrats d’Ottawa d’invalider nos lois dans nos compétences exclusives! Selon eux, ce geste est scandaleux même si la charte nous a été imposée par les provinces anglaises et Ottawa lors du rapatriement.


Anglicisation


Le but de cette charte n’est d’ailleurs pas de protéger nos droits, mais plutôt de nier notre existence comme nation. Elle nous impose le bilinguisme canadien, pour angliciser le Québec, de même que le multiculturalisme canadien, pour nous réduire au rang d’une minorité quelconque. Si ce dernier principe est remis en cause par la loi 21, c’est le premier qui est attaqué par la loi 96.


ABC-Québec s’oppose à cette législation et, ô surprise!, l’organisme m’a aussi attaqué dans ce dossier. Mon crime? J’ai critiqué la juge Chantal Corriveau. Celle qui se décrit comme une fédéraliste «viscérale» a suspendu une partie de la loi 96. C’est ce que souhaitent tous les adversaires du fait français, que ce soit Mesdames Burelle et Corriveau, les juges de la Cour suprême, Justin Trudeau ou tous les autres dont la tâche est de nous imposer le régime.


Martine Burelle plaide par ailleurs en faveur de la diversité de la magistrature. Or, celle-ci est tout sauf diversifiée. Les juristes québécois qui défendent le français, la laïcité ou la souveraineté n’y accéderont jamais. Comme l’a dit Michel Robert quand il était juge en chef de la Cour d’appel du Québec, les souverainistes sont proscrits. Au pays de la charte canadienne, des juges censés défendre nos droits encouragent ouvertement la discrimination contre certains membres de notre nation.


Cette injustice flagrante ne préoccupe aucunement ABC-Québec. Ce regroupement d’avocats est aussi biaisé que les magistrats qu’il défend. Nul doute d’ailleurs que plusieurs de ses membres seront nommés juge par Ottawa au cours des prochaines années, en commençant par Martine Burelle.

 


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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.