Des images insoutenables

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«Le résultat des guerres occidentales»





Les photos de l’enfant de trois ans retrouvé mort sur les rivages turcs sont des photos de guerre historiques. Personne ne peut demeurer insensible face à ces images. Aucun parent ne peut éviter d’y projeter la vision cauchemardesque de son propre enfant noyé.


Dans toute leur simplicité, ces photos révèlent la tragédie des réfugiés et le désemparement des autorités. Une fois le choc émotif passé, deux questions devraient venir à l’esprit: pourquoi et comment mieux aider ces gens ?


Ne nous fermons pas les yeux, la photo de ce petit garçon mort noyé est le résultat direct des guerres que plusieurs pays occidentaux mènent dans la région, en particulier en Syrie. Fallait-il donc armer les forces islamistes contre le gouvernement syrien de Bachar Al-Assad ? Car ce sont bien des islamistes que nos pays arment contre Bachar Al-Assad. Les appeler des «islamistes modérés» est une sinistre imposture.


Le résultat des guerres occidentales


Bachar Al-Assad est un dictateur. Mais fallait-il pour autant tenter de le renverser, alors que son gouvernement laïc constitue un socle contre l’avancée des forces islamistes ? Derrière cette rage de faire tomber Bachar Al-Assad se cachent divers intérêts qui ne disent pas leur nom : la volonté conquête religieuse de l’Arabie Saoudite, la convoitise d’Israël pour l’eau du Golan, l’intarissable soif des États occidentaux pour les hydrocarbures, la politique de division régionale de la Turquie, la rivalité américaine avec la Russie...


L’exode de millions de Syriens est le résultat net de la soumission aveugle de nos gouvernements à ces intérêts malsains. Il aurait mieux valu laisser tranquille Bachar Al-Assad. Les racines de l’exode syrien sont profondes. Les pays occidentaux ont bel et bien une part de responsabilité dans cette histoire d’horreur.


La faiblesse de l’Europe


L’autre grande question est celle de ce que les pays occidentaux peuvent faire pour aider les réfugiés, en particulier ceux qui proviennent de Syrie.


Il est évident que recevoir des millions de réfugiés en quelques années constitue un défi administratif gigantesque, surtout dans une Europe si peu centralisée. Mais deux facteurs importants freinent l’accueil des réfugiés. D’une part, les taux de chômage demeurent élevés dans la plupart des pays européens. D’autre part, les réfugiés syriens sont pour la plupart des musulmans dont les croyances paraissent proches de celles des islamistes.


La photo du petit garçon noyé a certainement rappelé à beaucoup de gens qu’avant de constituer une main d’œuvre bon marché ou d’être des musulmans, les réfugiés syriens ou autres sont des humains. C’est la raison pour laquelle il faut les aider. C’est la raison pour laquelle il faut se préparer à accueillir davantage de Syriens pendant quelques années.


Au-delà du drame humain, les images de ce petit garçon noyé représentent  l’échec des politiques extérieures des pays occidentaux au Proche et au Moyen-Orient ainsi que la fragilité et la faiblesse de l’Union Européenne. Cet échec et cette faiblesse sont peut-être, de manière inconsciente, ce qu’il y a de plus insoutenable à regarder dans ces images.


À court terme, les pays occidentaux n’ont pas d’autre choix que de recevoir les réfugiés. À long terme, c’est toute la politique des pays occidentaux au Proche et au Moyen-Orient qui est à changer. Il faudra aussi cesser de protéger avec la liberté de croyance certaines interprétations de l’islam. Le wahhabisme promu par l’Arabie Saoudite, et tous ses produits dérivés, dont l’islam d’Al-Qaïda ou celui de l’État islamique, sont en réalité des idéologies politiques conquérantes ennemies de nos démocraties. Il faut les dénoncer et les combattre.




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