Des baisses d'impôts aux nantis

Budget Audet - février 2007


par Grammond, Stéphanie - Québec - Après avoir favorisé les familles à plus faibles revenus dans ses derniers budgets, le gouvernement Charest a promis, hier, des baisses d'impôts aux mieux nantis.
Si les libéraux sont réélus, les particuliers pourront s'attendre à une série d'allègements fiscaux, totalisant 464 millions de dollars. La pièce de résistance : à partir de 2008, les tables d'impôt seront haussées de 7%, une mesure qui entraînera des économies d'impôt totales de 250 millions.
Le taux d'imposition le plus bas (16%) sera appliqué sur les revenus allant jusqu'à 32000$, au lieu de 29875$ en ce moment. Le taux intermédiaire (20%) s'appliquera sur la tranche de revenus allant de 32000$ à 64000$, au lieu de 29875$ à 59765$ en ce moment. Et le taux le plus élevé (24%) ne touchera que la portion des revenus qui est supérieure à 64000$, au lieu de 59765$.
Ce sont donc les plus hauts salariés qui dégusteront les économies les plus copieuses, comme le démontre notre tableau.
L'économie maximale s'élèvera à 255$ pour un contribuable qui gagne plus de 64000$. Donc, 510$ pour une famille où les deux conjoints gagnent plus de 64000$.
Pour le contribuable qui gagne entre 29875$ et 64000$, l'économie se chiffrera à 85$. Toutefois, le salarié qui engrange moins que 29875$ restera sur sa faim. "Ça ne changera rien pour lui", constate Stéphane Leblanc, associé fiscaliste chez Ernst & Young.
"Tant qu'à consentir des baisses d'impôts, je suis un peu surpris que le gouvernement n'ait pas relevé aussi le montant que chaque contribuable peut gagner à l'abri de l'impôt (9745$ en 2007 au provincial) ", ajoute-t-il. Cela aurait permis à tous les Québécois de goûter aux économies.
La modification de la table d'impôt, annoncée hier, ne touchera que 2,4 millions des cinq millions de contribuables québécois. Mais il faut savoir que seulement 3,4 millions paient de l'impôt. En haussant le montant de base non imposable, le gouvernement aurait aussi gonflé la proportion de contribuables qui ne paient aucun impôt, déjà à 40%.
De surcroît, le gouvernement souligne que les personnes à faibles revenus ont été les plus gâtées, ces dernières années. Par exemple, lors du Budget 2005-2006, les gens qui gagnent 25000$ et moins avaient récolté la moitié des baisses d'impôts de 1,1 milliard, grâce au lancement du programme de soutien aux familles et à la création de la prime au travail.
Même si l'opposition lui reproche de ne pas avoir respecté ses promesses de baisses d'impôts, le gouvernement se targue d'avoir réduit l'écart du fardeau fiscal entre le Québec et les autres provinces.
En 2003, cet écart était de 2,2 milliards. En considérant les mesures d'hier, il ne sera plus que de 770 millions en 2008, soit 221$ par contribuable. Désormais, c'est dans les provinces maritimes et au Manitoba qu'on paie les impôts les plus lourds, et non plus au Québec.
Par contre, le Québec aura encore du chemin à faire pour combler l'écart qui le sépare de l'Alberta et de l'Ontario. À titre d'exemple, un contribuable qui gagnera 64000$ en 2008 devra payer des impôts totaux de 17390$ s'il demeure au Québec et de 14300$ s'il habite en Ontario, a calculé M. Leblanc.


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