Ceux qui ont vu le reportage de Radio-Canada vendredi soir sur l’annonce de promotions de produits québécois seront heureux de l’apprendre: la SAQ va bientôt offrir plus de vins et de bières québécois. La nouvelle nous montrait Madame la première ministre, François Gendron et même le président de la SAQ, M. Sylvain Simard, docteur en lettres et ex-ministre péquiste nommé là en raison de sa voix chatoyante. Si je me souviens bien, il y a quelques semaines, en réaction à un reportage de Radio-Canada, M. Marceau, le ministre des finances, l’avait promis. Il s’agissait donc d’une bonne nouvelle, augmenter l’offre de nos vins et de nos bières, dont la qualité s’est améliorée de façon remarquable depuis quelques années, bonne nouvelle qui réjouira tout le monde. Cela aurait fait un beau reportage complètement positif. Mais non, ce n'est pas tout le monde qui se réjouit.
Question sans doute d’équilibrer le reportage, il fallait une voix discordante. Un viticulteur est donc venu faire une belle séance de râlage, expliquant qu’il ne recevrait que des peanuts pour son exceptionnel produit. On le sait, même si Anne-Marie Dussault et l'ombudsman l'oublient à l’occasion, l’équilibre fait partie des valeurs des reportages de Radio-Canada. Le viticulteur en question n’est pas un producteur de vin comme les autres. Nous avons vu dans le reportage quelques bouteilles de Gagliano, Alfonso s’étant recyclé dans la production des pots de vin au sens le plus littéral. Mais il est aussi un ancien ministre et député libéral. Tout comme notre viticulteur chialeur.
En fait, notre viticulteur râleur s’appelle Denis Paradis. C’est ainsi, et seulement ainsi que le présente Radio-Canada. Sa feuille de route est toutefois un peu plus impressionnante. En plus d’avoir été député et ministre libéral au Parlement canadien, il est le frère de Pierre Paradis, qui siège encore comme député libéral à Québec. Il s’est recyclé comme viticulteur lui aussi, tout comme Alfonso Gagliano. Son chialage dépasse peut-être ses intérêts de viticulteur pour rejoindre les critiques du parti de son frère et de ses copains libéraux. Mais de ces liens, le reportage ne pipe mot. C’est comme si M. Paradis était un viticulteur comme les autres, comme on en retrouve maintenant un grand nombre dans les Cantons de l’est et la Montérégie.
Bien entendu, M. Paradis, Denis, a droit à ses opinions. Il aurait sans doute été possible de le présenter pour ce qu’il est, un militant libéral, à qui il faut donner de l’Honorable, plutôt qu’en simple viticulteur. Et cela aurait été plus honnête. Ou bien Radio-Canada ignorait à qui elle avait affaire, ce qui en dit long sur sa compétence, cet individu a été député et ministre à Ottawa pendant plusieurs années, et il est le frère de l’autre, ce n’est un secret pour personne. Ou bien Radio-Canada a décidé de jouer l’équilibre en passant outre à la plus élémentaire honnêteté intellectuelle. Pour expliquer un tel reportage, il faut donc choisir entre une incompétence sans fond ou une malhonnêteté vicieuse. C’est peut-être parce que la Société d’État a fini par réaliser sa bourde que le reportage vidéo n’est pas disponible sur son site !