Délires idéologiques en temps de pandémie

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Des milliers de Québécois « de souche » sont des préposés au bénéficiaires


«Ç’a l’air que pas tous les préposés aux bénéficiaires sont égaux quand c’est le temps des tapes dans l’dos...» 


Tard dimanche soir, je reçois un message dans ma page Facebook professionnelle. Comme bien d’autres, j’avais regardé la majeure partie de Tout le monde en parle. Une bien belle saison en passant. 


J’ai adoré la formule en direct, et il m’a semblé retrouver un Guy A. Lepage ragaillardi, bien en contrôle de son émission. 


Ce message, donc, rien de bien exceptionnel, ceux qui jouissent d’une tribune publique en reçoivent beaucoup. Celui-ci m’a interpellé. Pas un compte anonyme, une vraie personne; une préposée aux bénéficiaires (PAB) de la région de Lanaudière, «l’une des plus touchées au Québec» est-il écrit d’entrée de jeu. 


Cette dame m’explique son «malaise» quant à la façon dont on parle des préposés aux bénéficiaires dans les médias. De l’entrevue de Fabrice Vil, elle retient que «ç’a l’air que pas tous les préposés aux bénéficiaires sont égaux quand c’est le temps des tapes dans l’dos...» 


Elle est un peu excédée que l’on se concentre autant sur les PAB «qui sont passés par le chemin Roxham», ces anges qu’il faut gratifier. 


Je lui explique dans ma réponse que je suis d’accord avec Fabrice Vil et que j’appuie la démarche de la députée Catherine Fournier en ce sens, que c’est la chose à faire que de bouger ciel et terre pour régulariser la situation des réfugiés qui se dédient à la cause de nos aînés avant même d’avoir été acceptés comme citoyens québécois à part entière. 


Mon interlocutrice n’est pas contre, loin de là, elle insiste sur «le besoin de bras» et que tout aide est la bienvenue. 


Non, ce qui l’agace, c’est que, dans cette élégie des anges venus d’ailleurs, on oublie ceux qui, ici, ont choisi ce métier et qui l’exerçaient «bien avant que tout le monde se mette à en parler à cause de la pandémie». 


Elle est particulièrement indignée quand elle lit ou entend que les «Québécois(e)s de souche ne veulent pas faire ce métier». Si c’est vrai que le recrutement est difficile et que le salaire est depuis trop longtemps mauvais, c’est manquer de respect envers les milliers de PAB du Québec, que ce soit dans la grande région de Montréal ou dans les régions. 


Instrumentalisation de la pandémie 


Soyons bien francs, peu sont les politiciens ou les figures publiques qui s’étaient intéressées à la cause des PAB dans le passé. Je m’inclus dans le lot. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille éviter d’en parler aujourd’hui. 


Tant mieux si, au terme de cette damnée COVID-19, ces emplois essentiels sont mieux rémunérés, et la profession, redorée. On le doit à ceux qui ont fait les frais du fiasco actuel, les nombreuses personnes âgées qui ont souffert de la situation actuelle. 


Mais il y a quelque chose de franchement agaçant quand on a la ferme impression que la cause des PAB, particulièrement ceux qui entrent dans la «section» des réfugiés (clin d’œil ici à l’idéologie intersectionnelle), sert de relais à une lutte idéologique plus grande. 


Et c’est incontestable que la COVID-19, au Québec, a été le théâtre d’une spectaculaire opération de militantisme promulticulturalisme au Québec. Dois-je vous rappeler les bêtes associations faites par quelques militant(e)s entre masques chirurgicaux en temps de pandémie mondiale et loi 21? 


Et ceux qui ont mené le bal sont des militant(e)s qui se drapent de vertu. 


Si c'était des militants d'une tout autre cause ou idéologie qui tentaient de profiter de la pandémie pour mousser leur «agenda politique»... On en penserait quoi? Ce malaise que dépeignait mon interlocutrice plus haut. 


Le même malaise que je ressens quand une ministre de l’Alberta veut profiter de la pandémie pour servir les intérêts des pétrolières; le même malaise qui me pue au nez quand d’autres militants qui en ont appelé à manifester au chemin Roxham par milliers dans un coup de force identitaire aux allures de milices d’extrême droite. 


C’est laid, ça pue. 


Cet angle militant agressif en temps de pandémie est agaçant. Voilà, c'est dit. 


Comme bien d’autres, j’ai suivi les publications des Fabrice Vil, des Ismael Seck et des autres bonnes âmes de la gauche dite «inclusive» qui tout à coup s’est amourachée de la cause des PAB... 


Et laissez-moi vous dire que ce n’est pas toujours beau, ce qui s’écrit dans cette sphère militante. Je ne compte plus les accusations de «racisme», de «xénophobie» envers le gouvernement, le PM Legault, son ministre de l’Immigration... Ça jouait dur et franchement «cochon», comme on dit par chez nous. 


Rien de nouveau. Il n’y a pas plus rapides sur la gâchette de l’exclusion que les «inclusifs» et intersectionnelle.e.s (permettez la graphie) en tous genres. 


Et en temps de pandémie, cette militance-là a été particulièrement agressive. Et rebute aux causes qu’elle défend. 


Je préfère la façon de faire de la députée Catherine Fournier, qui a pris ce dossier à bras le corps, aux côtés des autres, sans qu’on ait l’impression qu’elle embarque dans le délire idéologique. Loin des caniveaux où pleuvent les insultes. Et les liens retors idéologiques de quelques autres... 


Oui, il faut appuyer la régularisation de la situation des PAB qui sont sans statut et qui oeuvrent dans nos CHSLD, par dévouement exemplaire. Et cette cause se vaut en elle-même. Par humanité. 


Pour ce qui est de nos querelles habituelles, nous y reviendrons bien assez vite. Toutefois, il serait temps que certains acceptent qu’on ne règlera pas le dossier de l’accès des demandeurs de statut de réfugié ni celui de la loi 21 en temps de pandémie. 


Mais cette pandémie a révélé jusqu’où quelques militants sont prêts à aller pour mousser leurs délires idéologiques...




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