Le maintien de la cohésion nationale dont les Québécois ont fait preuve en se serrant les coudes pendant la pandémie passe par la protection du français, a plaidé le chef caquiste, François Legault, lors d’un premier grand rassemblement à Drummondville.
• À lire aussi: Comme Poilievre, Duhaime veut libérer le Québec des wokes
• À lire aussi: Le PQ obligerait la fonderie Horne à respecter la norme d’ici 4 ans
• À lire aussi: Poilievre et les wokes: les étiquettes divisent les Québécois, dit Anglade
À quatre jours du premier débat télévisé, le chef caquiste s’est fait un «devoir d’arrêter le déclin du français au Québec», s’il est réélu premier ministre le 3 octobre prochain.
Devant quelques centaines de militants réunis par un beau dimanche, M. Legault s’est posé en défenseur de la nation. «La nation québécoise, on a résisté depuis 400 ans. [...] On l’a vu, puis ç'a été un de nos succès pendant la pandémie, ç’a été prouvé: c’est ici au Québec qu’on a suivi le plus les consignes, par solidarité, parce qu’on est tissés serrés, parce qu’on voulait sauver des vies», a déclaré fièrement le chef de la CAQ.
- Écoutez la rencontre Mathieu Bock-Côté et Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h via QUB radio :
Une cohésion «ébranlée»
Mais cette cohésion, parfois, «est ébranlée et on a un devoir de la protéger», a-t-il continué, en rappelant que la protection du français était au cœur de son plan.
Lors d’un point de presse en marge de son rassemblement, François Legault a précisé sa pensée.
«Je pense que c’est important. J’ai essayé de l’expliquer, pourquoi les Québécois se sont serré les coudes pendant la pandémie? Parce qu’on est une nation, un peuple qui est tissé serré. Puis au cœur de cette nation, il y a le français. Puis là, il y a une certaine urgence... On l’a vu dans les études qui ont été déposées dernièrement, qu’il y a un déclin du français. Donc c’est important, pour garder cette cohésion nationale, d’arrêter le déclin du français.»
Questionné à savoir lequel de ses adversaires menaçait le plus la cohésion nationale, François Legault s’est tourné vers Québec solidaire, qui promet de hausser les seuils d’immigration. Rappelons que la CAQ préfère maintenir la limite à 50 000 par année et viser 80% d’immigration francophone.
«C’est sûr que les partis qui veulent aller à 70 000, 80 000 par année, de nouveaux arrivants, c’est comme mathématique. Si on veut arrêter le déclin pendant un certain temps, il faut mieux intégrer les nouveaux arrivants au français», a soutenu le chef de la CAQ.
GND principale cible
C’est aussi contre Gabriel Nadeau-Dubois que les attaques de François Legault ont porté lors de son discours. Devant ses militants, il l’a notamment dépeint comme le «héros» de ceux qui veulent prendre plus d’argent dans le portefeuille des Québécois. «Monsieur Nadeau-Dubois: celui qui taxe plus vite que son ombre!»
Alors que l’inflation représente la plus grande préoccupation des Québécois, «Monsieur Nadeau-Dubois propose une vieille idée, d’un vieux politicien, c’est-à-dire augmenter les taxes», a-t-il déploré en point de presse.
«Au moment où on a de l’inflation, au moment où on a de l’incertitude économique, il propose de mettre en place des nouvelles taxes orange... Il faut que les Québécois soient tous conscients de ça», a dit M. Legault.
- Écoutez la rencontre Gilles Proulx et Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h 45 via QUB radio :
Legault divise, dénonce PSPP
Le chef du PQ n’a pas tardé à dénoncer le ton de François Legault sur la question de l'immigration.
«C’est ce genre de déclaration, à mon avis, qui est une menace à notre cohésion sociale», a déclaré Paul St-Pierre Plamondon.
«Ça fait deux fois que François Legault fait des affirmations qui sont divisives pour tenter de pallier à un bilan et des décisions en matière de langue française qui essentiellement ne sont pas responsables», a poursuivi M. St-Pierre Plamondon lors d’une mêlée de presse.
Il a également accusé le chef caquiste de tromper les Québécois lorsqu’il affirme qu’il obtiendra les pouvoirs en immigration. Il invite plutôt à réfléchir à un modèle qui permettra au français de reprendre du «poil de la bête».
«Lorsqu’on parle de menace et de peur, on va jouer dans un registre émotif pour tenter de faire oublier que la CAQ est complice et largement responsable du déclin du français», a-t-il ajouté.
«Les politiciens doivent s’adresser à l’intelligence des gens, a-t-il ajouté. Laissons de côté les affirmations à l’emporte-pièce sur la peur, la cohésion.»
GND dénonce à son tour
En tournée à Chibougamau, le porte-parole de Québec solidaire a dénoncé les propos du chef caquiste. «Encore une fois François Legault, sur le sujet de l’immigration, tient des propos qui sont négatifs, qui pointent du doigt certaines personnes en les identifiant comme des menaces pour la nation québécoise», a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois.
Sa formation propose de hausser les seuils d’immigration pour accueillir, chaque année, entre 60 000 et 80 000 nouveaux arrivants.
Avec des efforts de francisation, d’intégration et de régionalisation, «c’est possible d’accueillir plus de gens au Québec et que ça se fasse dans l’harmonie et que ça enrichisse le Québec, pas juste économiquement, mais aussi socialement et culturellement», dit-il.
Les réactions d'Anglade
«Les Ukrainiens qui fuient les bombes, les Italiens, les Grecs, les Mexicains, les Portugais, les Vietnamiens, les Colombiens, la réunification familiale, c'est une menace à notre nation? a soulevé à son tour la cheffe libérale, Dominique Anglade, sur Twitter. C'est votre discours, François Legault, qui menace la cohésion sociale.»
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé