Les quatre candidats à la direction du Parti conservateur du Canada (PPC) s’affronteront mercredi au cours d’un débat en français. Diffusé en ligne, il sera consacré aux questions du public. Perturbée par la pandémie, la course à la succession d’Andrew Scheer a été marquée par le désistement de candidats étoiles, dont Jean Charest et Rona Ambrose. Présentation des quatre aspirants restants.
Les meneurs
Peter Mackay, le leader-gaffeur
Conservateur centriste, Peter Mackay est proche de l’héritage de Stephen Harper dont il a été successivement le ministre des Affaires étrangères, de la Défense et de la Justice avant de devenir procureur général du Canada, puis de retourner à la pratique du droit à Toronto.
Meneur de la course, il a toutefois multiplié les gaffes et se voit maintenant talonné de près par Erin O’Toole.
Mackay promet d’être « le premier ministre de l’emploi », celui qui va « ramener les Canadiens au travail » pour relancer l’économie du pays frappée de plein fouet par la pandémie. Il compte pour cela miser sur les secteurs des ressources naturelles et des technologies.
Plus modéré que ces adversaires, le natif de la Nouvelle-Écosse « est à droite, mais pas excessivement, au sens où il ne faut pas s’attendre de sa part à un discours sur le retrait de l’État par exemple », explique Frédéric Boily, professeur en science politique à l’Université de l’Alberta.
Erin O’Toole, le fin stratège
Candidat le plus stratégique de la course, Erin O’Toole se veut le champion du Québec, dont il promet de respecter l’autonomie en matière d’immigration notamment, mais aussi de l’Ouest pour lequel il propose une loi nationale sur les « pipelines stratégiques ».
Celle-ci assurerait la construction et l’approbation rapide d’oléoducs créés « dans l’intérêt national ».
Avocat, O’Toole représente la circonscription ontarienne de Durham, dans la banlieue de Toronto, depuis 2012. Le Montréalais d’origine brigue la chefferie du PCC pour la deuxième occasion.
Cette fois, sa campagne porte beaucoup plus à droite et défend des valeurs morales alors que la précédente proposait des idées plus au centre, indique M. Boily.
Pour l’analyste, il s’agit d’un « jeu dangereux », car défendre le conservatisme social pourrait lui coûter cher dans une éventuelle campagne fédérale.
Les outsiders
Leslyn Lewis, l’ovni
Femme, immigrante et titulaire d’un doctorat en droit et d’une maîtrise en environnement, Leslyn Lewis est un ovni au sein du PCC.
La Dre Lewis n’a jamais été élue bien qu’elle ait fait campagne deux fois dans la région de Toronto où elle dirige un important cabinet d’avocats. Sa candidature a donc créé la surprise. Elle est appuyée par la Campaign Life Coalition, une organisation antiavortement, ainsi que par un influent leader évangéliste, Charles McVety.
« Sa campagne met l’accent sur la famille, dans sa version traditionnelle », note le professeur Boily.
Partisane d’un renforcement des frontières qui permettrait de mieux filtrer l’immigration, Mme Lewis est aussi contre la taxe sur le carbone, tout comme ses trois adversaires, qui selon elle n’améliore en rien l’environnement, mais fait du tort aux pauvres, aux fermiers et aux petites entreprises.
Derek Sloan, le paria
Derek Sloan est le mouton noir de la course. Il a bien failli être expulsé du caucus conservateur en avril après avoir laissé entendre que l’administratrice en chef de la Santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, née à Hong Kong, travaillait pour la Chine et non pour le Canada.
À défaut d’idées particulièrement marquantes, « il utilise la stratégie de la controverse pour attirer l’attention », observe M. Boily.
Militant pour un conservatisme social, il est proche des mouvements antiavortement et antivaccins, des chevaux de bataille des groupes religieux, dont l’Église adventiste du septième jour dont il est un membre actif.
Il est le premier adventiste du septième jour élu à la Chambre des communes. Il représente depuis 2019 la circonscription de Hastings–Lennox et Addington, une région rurale du sud de l’Ontario.