De Taschereau à Charest... en passant par Duplessis

C'est la plus déprimante leçon de notre histoire politique, de Taschereau à Charest en passant par Duplessis, Bourassa, Lévesque et Landry: en matière d'éthique politique, tous les partis se valent.

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Le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau a été au pouvoir de 1920 à 1936.

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Le député péquiste de Chambly, Bertrand St-Arnaud, a soutenu la semaine dernière que le gouvernement de Jean Charest pourrait être «le pire gouvernement jamais vu dans l'histoire du Québec depuis le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau». Une déclaration qui démontre, si besoin était, que l'histoire et la partisanerie font rarement bon ménage.
M. St-Arnaud fait notamment allusion aux diverses allégations sur les liens entre le financement du Parti libéral et les décisions du gouvernement. Cependant, il est très risqué de comparer deux époques aussi éloignées l'une de l'autre. Les moeurs politiques étaient beaucoup plus relâchées dans le temps de M. Taschereau; les affaires de corruption qui ont mis un terme à son long règne (1920-1936) étaient considérablement plus graves que celles dont il est question à l'Assemblée nationale ces semaines-ci.
Ce n'est pas la première fois que le Parti québécois et d'autres critiques du cabinet Charest l'accusent d'être le pire gouvernement de l'histoire. Cela se disait beaucoup au milieu de son premier mandat. Or, les Québécois ont réélu les libéraux en 2007 et en 2008. Les électeurs seraient-ils des imbéciles, au point de reporter au pouvoir un aussi mauvais gouvernement?
Le regard qu'on porte sur un gouvernement change à mesure que le temps passe. Les libéraux d'aujourd'hui invoquent régulièrement l'héritage de René Lévesque, les péquistes sont plein d'admiration pour Robert Bourassa... Les nationalistes ont longtemps considéré Adélard Godbout comme un faible inféodé à Ottawa; son gouvernement (1939-1944) est aujourd'hui considéré comme un des plus progressistes de l'histoire québécoise.
Le gouvernement de Taschereau était sans aucun doute corrompu. Mais ce ne fut pas un mauvais gouvernement à tous égards, bien qu'il ait eu à diriger la province pendant la période extrêmement difficile de la crise de 1929. C'est lui qui a étatisé la vente des boissons alcooliques, qui a fait adopter la première loi reconnaissant les syndicats et qui a mis en place la commission Montpetit, dont les recommandations ont inspiré plusieurs mesures sociales.
Curieusement, le député St-Arnaud a choisi de faire référence au gouvernement Taschereau plutôt qu'à celui qui lui a succédé, le gouvernement de Maurice Duplessis. Le passage d'un à l'autre est pourtant riche en enseignements. C'est en dénonçant la corruption de Taschereau que «le chef» a pris le pouvoir. Or, on sait que l'Union nationale n'a pas nettoyé les écuries d'Augias. «Le patronage n'a fait que changer de couleur», notent les historiens.
Les électeurs d'aujourd'hui semblent croire que les choses n'ont pas tellement changé. Selon un récent sondage Angus Reid-La Presse, 80% des Québécois estiment que les comportements reprochés au gouvernement libéral pourraient tout autant avoir cours sous un autre parti politique. De fait, lorsqu'ils sont dans l'opposition, les politiciens se font un malin plaisir de traîner le gouvernement dans la boue au moindre début d'apparence de manquements à l'éthique. Quand c'est leur tour de gérer l'État, ils cèdent aux mêmes tentations.
Ainsi, sauf les plus partisans, les Québécois ne sont pas dupes. Malgré l'indignation exprimée quotidiennement par Jean Charest devant les attaques du Parti québécois, ils savent qu'il ne peut y avoir tant de fumée sans feu. Ils savent aussi que si les péquistes dénoncent les manigances de financement dont profite le PLQ, ils y ont sans vergogne eu recours dans le passé (voir l'enquête du juge Jean Moisan).
C'est la plus déprimante leçon de notre histoire politique, de Taschereau à Charest en passant par Duplessis, Bourassa, Lévesque et Landry: en matière d'éthique politique, tous les partis se valent.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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