De quelle fierté parlons-nous?

Lettre à monsieur Régis Labeaume, maire sortant et candidat à la mairie de Québec.

Québec - élection municipale 2009



Depuis les Fêtes du 400e, on entend dire et redire que la fierté est revenue à Québec. Mais de quelle fierté parlons-nous? En tant que citoyens et citoyennes de Québec, nous sommes, en effet, particulièrement fiers d’appartenir à cette ville. Nous tenons pourtant à faire connaître, à vous rappeler peut-être, les raisons de cette fierté, celles qui sont demeurées en creux pendant votre dernier mandat et qui constituent encore, hélas, durant cette campagne, les enjeux oubliés.
1. La capitale. Nous sommes fiers d’abord de vivre dans la capitale nationale du Québec, laquelle se compare avantageusement aux autres capitales du monde, en visibilité et même en nombre d’habitants, telles Washington et Oslo ! Pourquoi montrez-vous alors tant d’indifférence à ce statut particulier de notre ville ? Ne voyez-vous pas les immenses possibilités de développement liées à l’avenir politique de la capitale du Québec ? Les Fêtes du 400e ont laissé un goût amer à cet égard. Saurez-vous rattraper le temps perdu ? Saurez-vous aider notre ville à quitter cette stature provinciale qui ne lui convient pas ?
2. La démocratie. Nous sommes fiers aussi de vivre dans une démocratie oô les conseillers municipaux peuvent représenter diverses tendances, oô les citoyens peuvent s’exprimer à travers des conseils de quartier au pouvoir d’initiative, et des regroupements citoyens capables, le croirez-vous, de lire et de décrypter des dossiers d’urbanisme. Attendrons-nous encore longtemps un programme clairement défini et pas seulement la promesse médiatique de projets mis au rancart depuis deux ans ? Saurez-vous enfin, si vous êtes élu, écouter tous les citoyens, prenant davantage vos distances d’une certaine radio qui vous aura trop tôt sacré roi ?
3. La culture et le patrimoine. Nous sommes fiers de partager avec des milliers de gens d’ici et d’ailleurs, à la fois les activités culturelles de notre ville et cette précieuse reconnaissance du Patrimoine mondial de l’Unesco. Force est de constater cependant, à côté de cela, l’amnésie collective de notre histoire et conséquemment, la remise en question de notre héritage patrimonial, notamment architectural. Vous avez déjà montré une étonnante méconnaissance des quartiers historiques. L’abandon de l‘expression "Vieille capitale", laquelle se disait en référence à la "nouvelle capitale" d’Ottawa, signifie-t-il pour vous aujourd’hui la mise à l’encan du patrimoine ? Les coupoles de la vieille ville risquent-elles de tomber une à une, sous votre gouverne, comme celle des Franciscaines de la Grande-Allée ?

4. La langue française. Nous sommes fiers, ô combien, de partager avec ceux et celles qui la parlent ou la découvrent, notre langue française, toujours vivante dans les quartiers de la ville et dans les sphères de la vie municipale. Comment allez-vous faire comprendre à tous que c’est dans cette langue que nous voulons vivre ici ? N’est-ce pas contradictoire avec les appellations de Red Bull et Bud Light, honteusement proposées au rebaptême du futur Colisée ? Allez-vous permettre de nouveau ce manque de respect, cet affront même, au nom du sport et de l’argent ?
Notre ville ne deviendra-t-elle pas, par vos soins, la Las Vegas du Nord ? Et serons-nous bientôt de bleus fantômes dans une ville désincarnée oô la piastre aura remplacé la fleur de lys ?
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Jacques Beaumier, président
Francine Lavoie et Françoise Sorieul, administratrices
Conseil de la souveraineté de la capitale nationale


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