Les leaders des nations industrialisées sont assis sur le bout de leur chaise, dans l'attente d'un signal clair des États-Unis. Car même si le plan de sauvetage réussit à stabiliser le secteur financier, les perspectives économiques sont loin d'être rassurantes.
À preuve, ce sont les signes vitaux de l'économie, bien plus que l'incertitude du vote au Congrès, qui ont fait reculer les marchés américains hier. Difficile de se raconter des histoires quand l'indice ISM, témoin du niveau d'activité industrielle, tombe à son plus bas en sept ans. Ou de s'illusionner sur le niveau de confiance des consommateurs quand les ventes de voitures aux États-Unis continuent sur leur pente descendante. Et ce ne sont pas les statistiques de chômage de demain qui vont alléger l'atmosphère. Environ 105 000 emplois auraient disparu en septembre, la pire saignée depuis 2003.
Tout cela n'augure rien de bon pour le Canada. Même si nos banques et notre économie tiennent le coup, nous ne pouvons ignorer les soucis de notre plus gros client, qui achète les trois quarts de nos exportations. À quel point serons-nous affectés? En ce moment, toutes les prévisions sont sujettes à révision, mais l'ombre qui plane sur notre économie s'agrandit de façon inquiétante.
Les gouvernements européens ont des raisons plus immédiates d'être inquiets. Ils ont beau répéter que leur système financier est plus solide que celui des États-Unis, ils ont quand même dû sauver quatre institutions financières de la noyade cette semaine. Les mesures que la Commission européenne vient de présenter pour resserrer le contrôle des banques sont substantielles, mais elles sont loin d'être adoptées.
La fébrilité est palpable. La Grande-Bretagne veut augmenter le montant des dépôts assurables, comme l'ont fait les États-Unis. L'Irlande va encore plus loin en promettant d'assurer la totalité des sommes confiées à ses six principales banques. Prudence excessive? Risque démesuré pour les finances publiques? Les pays voisins, plus prosaïques, parlent plutôt de concurrence déloyale, accusant l'Irlande d'aider ses institutions à ravir la clientèle de leurs concurrents. Quand on voit combien d'Américains viennent ouvrir un compte de notre côté de la frontière par crainte que leurs épargnes ne disparaissent avec leur banque, on doit reconnaître que ce scénario n'a rien de farfelu.
Les partenaires européens du G8 (incluant la Banque centrale européenne et la Commission européenne) pourraient se réunir aussi tôt que samedi à Paris. Signe des temps, l'Angleterre, l'Allemagne et la BCE ont fait savoir qu'elles ne se contenteront pas de belles déclarations. Elles exigent des développements concrets. Décidément, l'heure est grave.
Pendant des années, les chefs d'État, tout comme les banquiers, ont pu rester confortablement calés dans leurs fauteuils, engrangeant les dividendes, et les mérites, d'une croissance économique en apparence intarissable. Nous n'en sommes plus là. Il va falloir se lever et prendre les bonnes décisions.
akrol@lapresse.ca
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé