De hockey et de dérives cléricales

Quand le sport devient politique


J'adore le débat. Je déteste le mensonge. Le débat sur la propension de l'équipe du Canadien à bouder le talent québécois et à marginaliser le français dans son stade est un réel débat. L'argument invoqué à mon endroit par M. Rémi Bourget dans sa libre opinion publiée dans Le Devoir du 17 septembre est ce que j'appelle un mensonge.
M. Bourget écrit: «[...] Lisée, lui, parlait d'obliger le CH à rendre des comptes sur le choix de son alignement au bureau du premier ministre (!), rien de moins.» De son alignement, donc des joueurs individuels choisis pour chaque match.
Or voici ce que j'ai écrit sur mon blogue: «Je note cependant que l'autorité politique québécoise n'a jamais seulement demandé aux propriétaires et aux dirigeants du Canadien de modifier leurs politiques. Ces derniers n'ont jamais été convoqués au bureau du premier ministre pour s'expliquer.
Je me souviens du jour de 1998 où nous avions appris que les grands magasins du centre-ville avaient décidé d'abandonner l'affichage unilingue français pour introduire de l'anglais (avec le français prédominant). C'était leur droit. Mais Lucien Bouchard les a convoqués en fanfare à son bureau et ce mouvement a été stoppé net. Il leur a fait honte. (Il était très bon là-dessus.)
Que devrait demander Jean Charest (peut-être avec l'appui d'une motion de l'Assemblée nationale) aux frères Molson? 1. De repêcher, à compétence égale, des joueurs québécois; 2. De démontrer un effort réel pour enseigner des rudiments de français à ses joueurs et administrateurs; 3. D'établir la nette prédominance du français dans les communications à l'intérieur du Centre Bell.»
Tout lecteur sensé aura observé la différence entre insister sur des principes généraux et choisir l'alignement des joueurs (rien de moins) du match. Dommage que M. Bourget, qui dénonce une «nouvelle trahison des clercs», ne puisse pas exécuter une tâche cléricale aussi simple que de citer correctement les gens avec lesquels il souhaite débattre.
***
Jean-François Lisée - Montréal, le 17 septembre 2010

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Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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