Sport et politique

De boxe et du mondial junior de soccer

Le déséquilibre Canada-Québec s’avère être un pli quasi naturel des institutions du Canada

Canada-Québec - sortir ou rester ? <br>Il faudra bien se décider un jour...




En pleines vacances de la construction, on ne peut s’empêcher de méditer le contraste entre deux événements importants de la scène sportive québécoise cet été.
D’un côté, nous trouvons un événement rare sur notre scène sportive : un champion québécois, qui s’identifie au Québec plutôt qu’au Canada dans ses relations publiques et qui arbore le drapeau québécois, chose plus rare encore. Il s’agit du champion Alcine. N’est-ce pas que nous sommes habitués à toujours retrouver des Québécois cachés dans un uniforme unifolié ? Ce qui explique cette exception est bien sûr que la boxe est un sport professionnel qui échappe aux Fédérations olympiques du Canada. En plus, la boxe tombe dans une structure professionnelle différente des grandes ligues (LNH, LCF, etc.) qui font valoir le patriotisme canadien et américain mais jamais le québécois, lequel y apparaît encore comme subversif. Il ne peut en être autrement, étant donné la position d’Ottawa envers ce patriotisme. Tout cela révèle à quel point le Canada n’est pas une Confédération véritable où l’autonomie et l’identité québécoises peuvent s’épanouir, mais qu’Ottawa souhaite toujours les limiter, voire les saper.
Tournons-nous maintenant vers le championnat mondial de soccer des moins de 20 ans, baptisé le « U-20 » par la FIFA, et demandons-nous quel place le Québec a obtenue dans l’organisation de ce tournoi qui incombait au Canada en 2007. Sur toutes les villes de la Confédération participantes, une seule est québécoise : Montréal bien sûr. Est-ce un hasard si les instances canadian ne s’aventurent que rarement au-delà de Montréal, dans une province qui leur est, dans la vie courante, tout à fait étrangère ? Vu du ROC, quand on a couvert Montréal, on a couvert le Québec. Le développement du Québec dans son ensemble ne peut bien sûr pas participer des réflexions.
Or, la compétition « U-20 » n’est pas très populaire dans les villes du ROC, tandis qu’on fonctionnait à guichets fermés à Montréal. Le soccer est assez populaire au Québec. Peut-être que la ville de Québec aurait pu accueillir quelques joutes avec non moins de succès que les villes canadians ? C'est sans parler du couac du dernier match à Toronto, entre police et joueurs chiliens.
Mais il y a plus. Il est fréquent, dans les championnats internationaux de « foot », que deux pays voisins se partagent l’organisation d’un tournoi. Ainsi, la Corée du Sud et le Japon ont accueilli récemment un mondial (2002) pendant que, presque à la même époque, la Belgique et les Pays-Bas se partageaient un Euro (2000). À ce titre, la plus grosse capitale ou la plus grande ville du plus grand des deux pays accueille la finale, alors que l’autre pays accueille au moins la demi-finale et la finale de consolation pour le 3e rang.
Or, en ces temps de reconnaissance de la nation québécoise par le fédéral, qu’en fut-il du Québec au cours de cet « U-20 » ? Le tournoi nous a quittés pour de bon après un simple quart de finale.
Un Québec souverain qui aurait organisé le tournoi conjointement avec le Canada aurait pu utiliser l’événement pour construire, qui sait, une infrastructure sportive modeste à Gatineau, bien située en l’occurrence, et bonifier celles de Montréal et de Québec. Au lieu de quoi, dans ce tournoi comme dans tant d’autres activités de développement entreprises à l’échelle canadienne, le Québec récolte généralement moins que sa part proportionnelle des retombées, tout en sachant que le déséquilibre du développement entre régions canadians n’offre pas le même désavantage culturel que celui entre Québec et Canada [anglais], déséquilibre Canada-Québec qui s’avère être un pli quasi naturel des institutions du Canada.


Charles Courtois, Montréal

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Charles-Philippe Courtois est docteur en histoire et chercheur postdoctoral à la Chaire de recherche en rhétorique de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Il prépare la publication de La Conquête: une anthologie (Typo, automne 2009).





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