Le 27 octobre 1979, il y a 40 ans, le premier ministre du Québec René Lévesque actionnait le mécanisme de la mise en service de la plus importante centrale hydroélectrique du Québec.
À l’époque, M. Lévesque avait inauguré officiellement le barrage La Grande-2, à la Baie-James, maintenant baptisé «Barrage Robert-Bourassa».
L’heure «H» avait été établie à 15 h. «Par la pression du doigt sur un bouton de contrôle quelconque, M. Lévesque va concrétiser les efforts de milliers d’hommes et de femmes d’ici, ingénieurs, architectes ou ouvriers, qui se battent depuis sept ans contre les forces de la nature pour donner au Québec l’énergie nécessaire à son développement», pouvait-on lire dans les textes publiés à ce moment.
Avec tout leur cœur, plus de 1500 travailleurs de la Baie-James ont crié bravo. La télé a toutefois raté le geste historique en raison d’une panne fortuite de son et d’image.
Robert Bourassa
Pour cette cérémonie importante, René Lévesque avait tenté d’éviter les déclarations de nature politique ou partisane.
Premier ministre du Québec de 1970 à 1976, Bourassa fut l’architecte de ce projet, dont le contenu a été dévoilé pour la première fois en 1971. L’ouvrage a nécessité des investissements de 15 milliards de dollars en 10 ans.
Le lendemain, Le Journal de Québec titrait «LG-2, une œuvre québécoise colossale».
Des fêtes ont souligné la mise en service de la première des seize turbines de la centrale. Le «Projet du siècle», considéré par plusieurs comme un ballon politique à son dévoilement, est ainsi devenu réalité.
La phase I du projet devait livrer aux Québécois un total de 10 269 mégawatts de puissance installée, «ce que le premier ministre a comparé à l’usage de 300 000 barils de pétrole par jour», rapportait alors l’envoyé spécial de votre quotidien.
Pour obtenir la plus vaste centrale souterraine au monde, il a fallu excaver 3,3 millions de verges cubes de granite, nécessitant 61 000 tonnes de dynamite. Le site se trouve à plus de 1300 km de Montréal.
Plus de 40 000 Québécois
Plus de 40 000 Québécois sont passés par le campement de LG-2 entre 1971 et 1979. «Voilà autant d’histoires, de chagrins, de plaisirs différents, mais pour chacun, une vie dure composée uniquement de travail, sommeil et nourriture», expliquaient les auteurs de plusieurs reportages.
En octobre 2004, le premier ministre Jean Charest a procédé au redémarrage symbolique de la centrale, pour souligner le 25e anniversaire.
– Texte et recherche : Jean-François Racine et Stéphane Doré