Et si le Québec quittait le Canada pour rejoindre l’Union européenne? Pour Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen et figure de la politique française, cette idée serait la seule «solution» pour la province, si celle-ci «veut être indépendante.»
Quitter la fédération canadienne, sans alternative, n’aurait aucun sens, soutient l’ex-leader du mouvement de Mai 68 en France. À Montréal pour une série de conférences sur l’avenir de l’Union européenne (UE) après l’élection d’Emmanuel Macron, Daniel Cohn-Bendit se montre perplexe en cas de nouveau référendum pour demander l’indépendance du Québec, après ceux de 1980 et 1995, remportés par le camp du «non».
«Je ne crois pas que l’indépendance soit une bonne solution, explique à Métro l’ex-député européen. Si le Québec veut être indépendant, alors qu’il se batte pour devenir un État membre de l’UE. Il faut aller jusqu’au bout de l’idée.»
Selon le Franco-Allemand né en 1945, la mondialisation ne permettrait pas au Québec de se placer sur l’échiquier mondial. «Le Québec, seul, ne peut pas survivre dans le monde d’aujourd’hui, argumente-t-il. Small, c’est pas toujours beautiful. C’est même très dur et le Québec n’aura pas les reins.»
«Le monde d’aujourd’hui est beaucoup plus complexe et difficile. Il n’y a pas que l’indépendance ou le fédéralisme. La troisième voix pour le Québec, c’est l’UE.» – Daniel Cohn-Bendit
«Débat intéressant»
Né en France de parents juifs-allemands contraints de fuir l’Allemagne nazi durant la Seconde Guerre mondiale, Daniel Cohn-Bendit cite «une blague juive», illustrant sa «vision de vie». «Quand tu as deux possibilités, choisis toujours la troisième», reprend-il, avant de faire le parallèle avec une demande évoquée à nouveau par le Parti québécois en cas de victoire électorale à l’automne 2018.
«Le référendum sera perdu s’il n’y a pas de troisième possibilité, imagine-t-il. Avec cette optique, ça voudrait dire que les indépendantistes définissent leur volonté de rupture avec le Canada pour certaines raisons, tout en comprenant que l’État du Québec en soi n’est pas une perspective.»
Affirmant être prêt à défendre cette idée auprès de ces anciens collègues du parlement européen, Daniel Cohn-Bendit évoque un potentiel «débat intéressant» qui «retournerait d’une manière plus intelligente la phrase un peu simpliste du Général de Gaulle [Vive le Québec libre!]» prononcée sur le balcon de l’hôtel de ville de Montréal le 24 juillet 1967.
Tout en avouant, avec le sourire, «être le seul au monde à défendre» cette idée, Daniel Cohn-Bendit, ardent et éternel défenseur de l’Europe, met en avant les atouts, à ses yeux, d’un tel rapprochement. «L’Europe, c’est plus fort que le Canada. C’est une perspective beaucoup plus sécurisante, clame l’ex-membre du parti écologique français. L’Europe, c’est le plus grand espace économique de la planète. L’Europe, c’est un parapluie, un espace qui sécurise les États membres et qui permet aux États, aux sociétés de mieux affirmer leur autonomie.»
Le PQ pas convaincu
Appelé à réagir à ces propos, le Parti québécois de Jean-François Lisée demeure «convaincu, comme des millions de Québécois, que le pays du Québec pourra faire sa place sur l’échiquier mondial, notamment en raison de notre économie, notre développement humain et social, ainsi que notre force d’innovation».
«Nous respectons évidemment nos partenaires de l’Union européenne, mais la volonté d’indépendance s’inscrit dans celle de faire notre marque en Amérique du Nord et partout dans le monde», indique Bruno-Pierre Cyr, attaché de presse du chef de l’opposition officielle.
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